L'ouverture des capitaux de certaines cimenteries est à l'origine du nouveau coup de gueule de Abdelmadjid Sidi Saïd. De sources proches de la Centrale Ugta, on apprend que le secrétariat national, sous la direction de Abdelmadjid Sidi Saïd, doit rencontrer aujourd'hui, l'ensemble des secrétaires généraux et membres des bureaux des fédérations sectorielles. Celles-ci, au nombre de 11 depuis l'avant-dernier congrès, rayonnent sur l'ensemble des secteurs d'activité du pays. Les analystes, de même que nos sources, voient en cette rencontre, pour le moins inattendue, une rupture de la trêve sociale intervenue entre le gouvernement et son partenaire social à la suite de la rencontre entre Ahmed Ouyahia et Abdelmadjid Sidi Saïd et leur décision prise d'un commun accord, de reporter la bipartite au début de septembre prochain. Nos sources indiquent que l' «objet de le subite colère du patron de la Centrale est lié à la récente ouverture des capitaux de trois cimenteries situées dans le centre, l'est et l'ouest du pays». Les dirigeants de l'Ugta ne se font pas d'illusions à ce sujet et indiquent que «l'ouverture de capital est synonyme de privatisation». Des sources proches de la Centrale n'écartent pas le recours aux «grèves cycliques et sectorielles à la suite de la réunion des fédérations aujourd'hui». Elles en veulent pour argument, le fait que «la direction de l'Ugta se soit laissée aller à espérer que le dialogue social allait désormais redémarrer sur de meilleures bases depuis le départ de Hamid Temmar et la mise en place des participations de l'Etat sous le contrôle direct du Chef du gouvernement alors que ce dernier a promis qu'aucune décision ne sera prise contre aucune entreprise sans que le partenaire social, à la base et au sommet, soit consulté». Or, il ne fait aucun doute que la privatisation partielle de ces trois cimenteries n'a pas obéi à ces règles, désormais établies, entre le gouvernement et son principal partenaire social. Nos sources indiquent que «depuis sa grève nationale réussie des 25 et 26 février dernier, Abdelmadjid Sidi Saïd a été contraint de ne plus accepter aucun compromis, aussi minime soit-il. C'est pour cette raison qu'il s'est empressé de convoquer l'ensemble de ses fédérations, véritables troupes de choc de l'Ugta, en vue de répondre à ce qu'on considère au niveau de l'Ugta comme une véritable provocation sur laquelle il est interdit de fermer les yeux». Si la Centrale bat le rappel des troupes de cette manière, c'est que la fédération du Btp, sans mandat renouvelé depuis plus d'une dizaine d'années, ne fait pas le poids à elle seule, depuis que la quasi-totalité du secteur a été liquidée du temps où Ouyahia était Chef du gouvernement sous le président Liamine Zeroual. Aujourd'hui, même si le bâtiment tend à reprendre des activités plus ou moins normales, rien ne sera plus comme avant pour l'Ugta, puisque les travailleurs ne sont pas permanisés, exercent des travaux saisonniers et ne peuvent légalement se syndiquer. L'Ugta, trop souvent accusée de faire de la politique au détriment des soucis des travailleurs, se trouve une fois de plus dans une passe difficile en cette période de précampagne électorale et d'attaques de plus en plus insistantes contre l'ancien Chef du gouvernement et actuel secrétaire général du Fln, Ali Benflis. Quoi que fasse l'Ugta, elle se ferait accuser de «manoeuvrer politiquement» pour l'un ou l'autre candidat potentiel à la magistrature suprême. C'est pour cette raison, nous disent des sources proches de la Centrale, que celle-ci ne s'encombrera plus d'aucune considération, hormis le souci de préserver constamment et intégralement les acquis des travailleurs sans se soucier du «qu'en dira-t-on...» Un autre bras de fer en perspective...