L´opposition parlementaire au Yémen qui réclame le départ du président Ali Abdallah Saleh est une coalition hétéroclite largement dominée par les islamistes d´Al-Islah. Le Front commun a rejoint le 20 février le mouvement des jeunes protestataires qui avaient entamé fin janvier des sit-in pour réclamer la chute du régime. La répression du mouvement de contestation a fait au moins 181 morts. Par son approche d´un départ négocié de M.Saleh, proposé dans le cadre d´une médiation des monarchies du Golfe, le Front semble avoir contenu les jeunes contestataires les plus irréductibles, opposés à l´immunité accordée au président en vertu de cette initiative et exigeant de le poursuivre en justice. Outre Al-Islah, principal parti d´opposition avec 46 sièges au Parlement qui en compte 301, le Front commun groupe le Parti socialiste yéménite (PSY, sudiste - 7 élus), le Parti unioniste nassérien (3 députés) et le Baas (2 élus), tous deux nationalistes arabes. Il regroupe également deux petites formations non représentées à la Chambre: le parti zaïdite (branche du chiisme) Haq et l´Union des forces populaires (gauche). Créé le 13 septembre 1990, le Rassemblement yéménite pour la réforme, plus communément appelé Al-Islah, est la branche locale des Frères musulmans. Dirigé actuellement par Abdelwahab al-Ansi, Al-Islah est la deuxième force politique au Yémen après le Congrès populaire général (CPG), le parti de M.Saleh, qui contrôlait 235 sièges à la Chambre avant la défection de plusieurs dizaines de députés. Mais le CPG risque de s´effriter avec le départ prévu de son président, Al-Islah, très influent au Yémen, un pays pauvre et à structure tribale, pourrait alors émerger comme une force politique de taille dans l´ère post-Saleh, selon des analystes. «Sans son président Saleh, le CPG risque de s´effondrer», et Al-Islah, qui était jusqu´en 1997 un allié du régime de M. Saleh, «doit être le plus grand partenaire» de la coalition gouvernementale post-Saleh, a déclaré Ali Seïf Hassan, président du Centre de promotion politique. Le PSY, dirigé par Yassine Saïd Noomane et issu de l´ancien parti unique au Yémen du sud pro-soviétique, a perdu de son influence depuis la réunification avec le Yémen du nord le 22 mai 1990, puis de la guerre civile de 1994 que les forces fidèles à M. Saleh avaient remportée.