Rabat affiche mordicus sa volonté de normalisation de ses relations avec l'Algérie alors que l'agence de presse officielle marocaine intensifie sa campagne calomnieuse. Une voie de garage, lorsque l´on prend en compte les conditions énoncées par le Premier ministre algérien pour gommer les différends politiques entre les deux capitales. Le Makhzen n´en a pas encore pris la mesure. Les communiqués à caractère «inamical» et les coups de canif restent de mise. Le Maroc ne peut concevoir l´édification d´un espace maghrébin développé sans l´existence de relations bilatérales harmonieuses avec l´Algérie, à commencer bien entendu par la réouverture des frontières entre les deux pays mais sans tenir compte des règles de bienséance et de fraternité qui unissent les deux peuples voisins et frères. Un paradoxe! Deux ministres du gouvernement marocain illustrent la position bancale du trône alaouite. «Je réaffirme à l´opinion publique marocaine, algérienne et internationale que le Maroc n´a pas changé et ne changera pas sa position à ce sujet. Il demeurera ouvert sur toutes les voies permettant l´édification d´un espace maghrébin développé et dont le prélude est assurément le retour à la normalisation des relations entre le Maroc et l´Algérie», a déclaré jeudi, le ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement, Khalid Naciri, lors d´un point de presse à l´issue d´un conseil de gouvernement. «Le Royaume du Maroc, loin de toute considération conjoncturelle ou alibi artificiel, demeure engagé, avec force et sincérité, sur la voie d´une véritable normalisation des relations bilatérales, au bénéfice des deux peuples frères, porteurs et acteurs d´une relation bilatérale forte et dense», a indiqué de son côté le chef de la diplomatie marocaine et de la coopération dans un communiqué répercuté par l´agence de presse officielle marocaine le 1/06/2011 en réaction aux déclarations d´Ahmed Ouyahia, concernant le maintien de la fermeture des frontières avec le royaume chérifien. Rabat ne semble pas avoir entendu les griefs qui lui ont été adressés par le Premier ministre. Le patron de l´Exécutif algérien avait annoncé, le 29 mai dernier que l´ouverture des frontières terrestres entre les deux pays n´était «pas à l´ordre du jour», suite aux accusations marocaines concernant l´envoi de mercenaires algériens pour prêter main forte au régime de Mouaâmar El Gueddafi. «Ces derniers temps, on observe (...) des déclarations de l´agence officielle marocaine et une agitation du lobby officiel marocain aux Etats-Unis pour vouloir impliquer l´Algérie dans l´envoi de mercenaires en Libye, dans l´envoi d´armes en Libye», avait-il souligné à l´occasion d´une conférence de presse qu´il avait tenue à Alger. L´agence de presse officielle marocaine, relais notoire du Makhzen, fortement incriminée dans ce nouveau coup de froid entre Rabat et Alger, continue sa campagne calomnieuse contre l´Algérie en ce qui concerne le conflit libyen. «L´eurodéputée socialiste portugaise, Ana Gomes, a qualifié de «préoccupant» le soutien militaire apporté au régime de Mouammar Kadhafi et facilité par la perméabilité de la frontière algérienne, permettant l´accès de mercenaires au territoire libyen», peut on lire dans une dépêche de la MAP datée du 02/06/2011. De quoi s´inquiète cette illustre députée européenne inconnue au bataillon à ce jour? «Le soutien fourni au régime de Kadhafi via la frontière algérienne est préoccupant, qu´il s´agisse de l´envoi de mercenaires ou de combattants», aurait déclaré Ana Gomes dans un rapport qu´elle envisagerait de soumettre au Parlement européen, selon l´agence Maghreb Arab Press. Cette campagne insidieuse menée par le lobby marocain trouve son explication dans au moins deux événements: la reprise des pourparlers entre le Maroc et le Polisario le 5 juin, mais surtout la stratégie de lutte antiterroriste au Sahel dont Rabat a été écartée. Le pouvoir marocain, rappelons-le n´hésite pas à faire l´amalgame entre ces deux questions. «Aqmi, qui finance ses activités criminelles tout au long du Sahel en recourant au trafic d´armes et de drogues et aux enlèvements, compte sur l´appui des éléments qui ont appartenu, ou appartiennent toujours aux milices du Front Polisario», aurait déclaré un journaliste espagnol d´après une dépêche de l´inévitable MAP du 03/06/2011. Une stratégie «suicidaire» qui met à nu une campagne inavouée de diabolisation de l´Algérie. Le retour de boomerang pourrait s´avérer fracassant.