Tout règlement de la question du Sahara passe par une médiation impliquant toutes les parties intéressées, dont évidemment le Maroc et l'Algérie, a souligné, jeudi à Tunis, la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton. Les Etats-Unis veulent-ils favoriser un réchauffement des relations entre les deux pays? Probable. Le Maroc veut mettre fin à ses différends avec l'Algérie en imposant ses vues. C'est certain. «Le Maroc réitère la nécessité pour l'Algérie d'assumer ses responsabilités sur les plans politique, juridique et moral afin de rejoindre la volonté du Maroc de normaliser les relations bilatérales...», a déclaré le ministre marocain de la Communication, porte-parole du gouvernement, Khalid Naciri, lors d'un point de presse, qu'il a tenu jeudi à l'issue d'un Conseil du gouvernement. En ce qui concerne le conflit du Sahara occidental, la position du Maroc s'est encore durcie. Le Royaume chérifien considère la proposition du Front Polisario carrément «obsolète». C'est ce qu'a affirmé le chef de la diplomatie marocaine. «Le 6e round des pourparlers informels sur le Sahara, tenu du 7 au 9 mars à Mellieha (Malte), a été l'occasion d'émettre un certain nombre d'observations sur les limites de la soi-disant proposition du Polisario, fondée sur des thèses obsolètes de par leur référentiel et au contenu inapplicable», a souligné, jeudi à Rabat, Taïeb Fassi Fihri, le ministre marocain des Affaires étrangères et de la Coopération dans une dépêche répercutée par l'agence de presse officielle marocaine. La secrétaire d'Etat américaine a, de son côté, rappelé le même jour depuis la capitale tunisienne sur la chaîne de télévision privée Nessma, la position de son pays au sujet du dossier du Sahara occidental. Le gouvernement des Etats-Unis «soutient le processus de paix entrepris sous l'égide des Nations unies», a précisé l'ex-Première Dame des Etats-Unis. Une divergence de taille entre la première puissance mondiale qui en appelle à la légalité internationale et la puissance colonisatrice qui ne jure que par son projet d'autonomie pour mettre fin à plus de trente-cinq ans d'occupation. La question du Sahara occidental a de nouveau réoccupé la scène médiatique à l'occasion de la visite effectuée par le Premier ministre tunisien en Algérie et au Maroc. «Le Premier ministre tunisien a relevé que la question du Sahara constitue un obstacle à l'intégration maghrébine et qu'il est important de trouver une solution politique et définitive à cette question, conformément à la légalité internationale», a indiqué une dépêche de MAP après la rencontre entre Béji Caïd Essebsi et le souverain marocain Mohammed VI. Les observateurs avertis de la scène politique maghrébine avaient commencé à déceler un début de dégel dans les relations algéro- marocaines lorsque les chefs de la diplomatie des deux pays se sont exprimés, tour à tour à ce sujet. «Le Maroc est en faveur de la normalisation des relations avec l'Algérie et la réouverture des frontières», avait affirmé le ministre marocain des Affaires étrangères et de la Coopération dans un entretien accordé à l'agence de presse portugaise Lusa, lors d'une visite de travail qu'il a effectuée les 22 et 23 février au Portugal. Dans une interview accordée, le 22 février 2011, à la chaine de télévision France 24, le chef de la diplomatie algérienne avait fait part de l'existence d'une «initiative de dynamisation des relations qui devrait donner lieu à une ‘‘avancée positive´´ pour l'activation et la consolidation des relations de coopération économique et sociale entre les deux pays». Qu'en est-il de la question de la réouverture des frontières? «L'ouverture de la frontière n'est pas à l'ordre du jour et nous n'avons mandaté personne pour discuter de cela», a déclaré Mourad Medelci, à la presse, en marge d'une cérémonie organisée à l'occasion de la Journée internationale de la femme. Il faut rappeler que la frontière entre les deux pays a été fermée après que le gouvernement marocain ait accusé les services algériens d'être derrière l'attentat qui a ciblé l'hôtel Asni, à Marrakech, en 1994. Le pouvoir marocain combien même veut-il se dédouaner, aura bien du mal à imposer ses positions en faisant cavalier seul.