Sur le terrain, rien n'indique que les partisans d'El Gueddafi abandonneront le combat après le départ de leur guide. Les Américains sont-ils sur le point de solliciter une médiation algérienne en ce qui concerne le régime d´El Gueddafi, surtout après l´échec latent de la mission confiée au président sud-africain? Tout porte à le croire dans la mesure où c´est l´unique pays de la région qui n´a pas coupé les contacts avec El Gueddafi, confient des sources très au fait du contexte qui prévaut actuellement dans la région. Mais, auparavant, il fallait d´abord régler la question relative aux accusations mensongères selon lesquelles le pouvoir algérien facilite l´entrée de mercenaires en Libye. «Rien n´indique que l´Algérie facilite l´entrée de mercenaires en Libye», a déclaré jeudi dernier, un responsable du Foreign Office, le ministère britannique des Affaires étrangères. Pays impliqué directement dans l´intervention militaire de l´Otan en Libye, la Grande-Bretagne emboîte le pas aux Américains, à 24 heures d´intervalle, dans un débat qui commence à faire beaucoup de bruit et dont la simple évocation suscite des interrogations. Le commandant de l´Africom, qui était en visite à Alger, la semaine dernière, a affirmé lui aussi qu´il n´y a rien qui indique que l´Algérie envoie des mercenaires en Libye. Cette question soulevée par le Premier ministre, lors de la dernière tripartite, est en train de prendre une dimension disproportionnée par rapport aux accusations marocaines fantaisistes, publiées il y a plus d´une semaine par un journal américain. Sa médiatisation appuyée par la visite de deux jours effectuée en Algérie par le commandant de l´Africom, le général de corps d´armée Carter F. Ham, qui s´est longuement exprimé sur la question, est considérée par certains analystes comme un effet d´annonce concerté entre la Grande-Bretagne et les Etats-Unis d´Amérique en vue d´introduire l´Algérie dans un rôle plus actif dans le règlement de la crise libyenne. «Je vais essayer d´être clair là-dessus. J´ai vu des rapports qui concernent l´envoi de mercenaires algériens, mais je n´en ai vu aucun d´officiel», a tranché le commandant de l´Africom. Il a nié dans le même contexte, toute intention de transférer le QG de l´Africom d´Allemagne en Afrique, mais n´a nullement écarté cette perspective dans le long terme. Il s´est contenté de dire: «Le QG demeurera en Allemagne dans le futur prévisible.» Si la question des mercenaires semble définitivement réglée, du moins à travers les déclarations, les observateurs n´ont pas manqué de s´interroger sur les raisons stratégiques qui sont derrière la visite de Carter F. Ham. Les Américains qui sont déterminés à obliger El Gueddafi à quitter le pouvoir, ont-ils l´intention d´impliquer l´Algérie dans un rôle de médiation à propos duquel le CNT libyen aurait donné son accord? Cette démarche aurait pu être amorcée politiquement à partir de Washington, mais c´est en raison de la forte imbrication de la donne sécuritaire liée aux activités d´Al Qaîda au Maghreb islamique qui a fait que le commandement de l´Africom soit chargé de la mener. De nombreuses sources ayant confirmé que le départ d´El Gueddafi pourrait ne pas constituer une solution, mais au contraire, il exposerait le pays à une véritable guerre civile dont la propagation menacerait la sécurité régionale, l´Algérie se retrouvant logiquement et légitimement prise dans cet engrenage. Sur le terrain, rien n´indique que les partisans d´El Gueddafi vont abandonner le combat après le départ de leur guide. L´Algérie, qui partage quelque 600 km avec la Libye, est tout à fait consciente de la fragilité de cette situation propice au redéploiement d´Al Qaîda et c´est vis-à-vis de cette menace réelle qu´elle compte bien imposer certaines règles dans ce «jeu» de massacre dont les victimes se comptent d´ores et déjà par dizaines de milliers. La question est de savoir maintenant, si Carter F. Ham serait porteur d´assurances américaines en ce qui concerne ce point. Lors d´une conférence de presse tenue jeudi, le ministre de l´Intérieur a réitéré la position de principe algérienne en affirmant: «Nous ne pourrions admettre que des pays extra- régionaux mettent leur grain de sel dans cette affaire». Une expression par laquelle l´Algérie confirme sa position de toujours.