Larcin Madjid A. est un entrepreneur qui se trouve être poursuivi par une personne qu?il n?a vue qu?une seule fois. Motif ? Le vol de vingt-cinq moutons. Il semblerait qu?il y ait un rapport entre le bâtiment et la steppe. Le tribunal de Chéraga, invité à trancher, l?a fait et très bien. Même l?article 350 du Code pénal est brandi à la face de l?inculpé qui en ignore totalement les termes. D?où est tombé ce harcèlement ? Ces poursuites ? Il est triste que de malheureuses affaires arrivent sur le pupitre d?un juge qui a des difficultés à comprendre qu?il n?y a rien à comprendre. Que de gaspillage devant une plainte bidon. Ni preuves, ni témoins, ni aveux spontanés, ni par ailleurs arrachés. Rien. Du bidon. Telle affaire est énervante car deux chefs de famille se sont présentés à la barre, lundi, devant Nacéra Zitouni, la présidente du tribunal de Chéraga (cour de Blida). Vol de mouton ou d?or, l?alinéa 01 de l?article 350 du Code pénal est clair : «Quiconque soustrait frauduleusement une chose qui ne lui appartient pas est coupable de vol, puni d?un emprisonnement d?un an au moins et de cinq ans au plus et d?une amende de cinq cents à vingt mille dinars...» Le premier prévenu est un maçon originaire de M?sila qui accompagnait Madjid A., l?entrepreneur, qui n?a pas compris ce qu?il faisait dans l?enceinte d?un tribunal en qualité d?inculpé libre risquant une condamnation. Ali S., le maçon, dira cent dix mots confirmant ce qu?il avait déjà égrené : «J?étais présent ce soir-là lorsque ce monsieur (Madjid) est venu demander après cet homme (la victime) pour débattre du prix de sa maison. Ils ne se sont pas entendus. Nous sommes repartis. Dix jours après, on est venu m?avertir que des moutons avaient été volés.» L?entrepreneur dira exactement la même chose, en ajoutant qu?il n?avait pas vu les fameux moutons, mais qu?il les avait entendu bêler. La victime donnera une autre version sans preuve ni témoin. Elle ne donnera aucun élément constitutif du vol. Probablement convaincu, Boutaba a demandé l?application de la loi. Me Ahmed Fadel a eu la tâche facile ; il a plaidé l?absence d?éléments constitutifs du vol : «Où irait-on si l?on devait écouter toutes les balivernes d?une pseudo-victime qui, sur la base de doutes, désigne deux visiteurs d?une nuit venus s?informer comme étant des voleurs ?», s?est écrié l?avocat, le visage «noir» de fatigue. La présidente n?a pas d?état d?âme. Elle décide, sur le siège, la relaxe des deux pauvres bougres qui auraient pu, en d?autres temps, avec l?aide d?un bras long, végéter en taule.