A l'époque des Berbères déjà, la femme a pris le pouvoir, donc l'exercice politique pour elle n'est pas nouveau. «Scandaleux»! Le mot est lâché par Noria Hafsi, présidente de l´Union nationale des femmes algériennes (Unfa), lors de son intervention hier au forum d´El Moudjahid au cours d´une table ronde sur le thème de la femme en politique. Pour cette députée, l´application en Algérie du système des quotas en vue d´élargir le champ de la représentation politique de la femme, même de façon conjoncturelle est nécessaire. Cela pour surmonter les obstacles entravant la participation de la femme à la vie politique par le biais des différentes assemblées élues. Noria Hafsi a constaté que si aujourd´hui des partis pratiquent une certaine ouverture vis-à-vis du sexe faible, cela reste toujours insuffisant. «Les femmes recrutées dans l´appareil militant sont rarement mises en avant sur les listes électorales et se heurtent à de multiples barrières procédurales», a-t-elle estimé. En effet, la représentation des femmes en politique est très faible en Algérie. Un recul déplorable est constaté. «Au lendemain de l´Indépendance, 10 députées sur 194 figuraient au sein de l´Assemblée constituante. Cela équivalait à un taux de représentativité de 5%, contre 2,5% en 1997. Actuellement, elle est représentée à l´Assemblée populaire nationale (APN) avec un taux de 7,7%, et au Sénat avec 4%», a-t-elle indiqué. Un monopole détenu par les hommes pour cause de la subsistance des archaïsmes sociaux et la montée de l´islamisme, en Algérie, plus particulièrement, ont chassé les femmes du domaine politique. A ce propos, Chouitem Nadia, députée du Parti des travailleurs (PT), est allée dans le même sens, tout en insistant sur l´urgence de lever tous les obstacles que rencontre la femme algérienne, en générale, et la femme politique en particulier. Selon Mme Chouitem. «Notre but n´est pas d´augmenter le taux de femmes élues dans les différentes assemblées, mais de lever les obstacles qu´elles rencontrent». Entre autres, elle considère que «même si la législation en Algérie garantit l´égalité entre l´homme et la femme, la précarité du monde du travail a fait qu´elle est devenue sujette à l´exploitation et tout autre forme, de harcèlement», a-t-elle précisé. Pour elle, il n´est guère utile de s´interroger sur la justesse de cette cause. «A l´époque des Berbères déjà, la femme a pris le pouvoir, donc l´exercice politique pour elle n´est pas nouveau», a-t-elle indiqué. Pour sa part, la secrétaire générale du Mouvement féminin de solidarité avec la femme rurale, Mme Saïda Benhabyles, après être revenue sur tous les défis qu´a relevés la femme algérienne depuis l´Indépendance à ce jour, s´est interrogée: «Affronter la mort est-il moins dangereux que de contribuer au dialogue politique?» Pour Mme Benhabylès la réponse est «non». «Je dis non, pour la simple raison que la femme mérite mieux que la mort. Il y a beaucoup de femmes qui ont des propositions et qui sont représentatives», a-t-elle assuré. En dépit du fait que les participantes au forum se soient entendues sur la nécessité d´améliorer la participation de la femme aux différentes assemblées élues et en politique, ces animatrices féministes ont levé le voile sur l´exclusion dont elles font objet.