Pourquoi les considérations politiciennes viennent-elles mettre leur nez dans la gestion du quotidien? C'est un peu la question que l'on se pose lorsqu'on voit que la levée de la quarantaine sur Kahaïlia n'a pas obéi à des critères sanitaires mais plutôt à des injonctions venues d'en haut pour faire croire que la situation est maîtrisée. Le problème, c'est que c'est loin d'être de cas. Au contraire, la situation n'a fait qu'empirer. L'empressement à prendre une telle décision est d'autant plus incompréhensible qu'en Algérie les erreurs ne sont jamais sanctionnées par des têtes qui tombent. Cela a été vérifié à tous les coups: quels que soient la catastrophe et le nombre de victimes, les minis-tres et les sous-fifres à tous les niveaux sont toujours à leur poste. Les cadres de l'Etat profitent des avantages liés à leurs fonctions, mais dès que ça foire, ils tirent leur épingle du jeu comme si de rien n'était. Au contraire, ils continuent à parader comme si leur seule présence et leurs discours creux suffisaient à conjurer le mal. On voit même assez souvent que ces cadres, au lieu d'être sanctionnés, sont promus à un autre poste de responsabilité, où leur incompétence risque de faire encore plus de dégâts. Selon le principe de Peter. Chacun est appelé à atteindre son seuil d'incompétence. En Algérie, ce seuil est vite atteint, vu que les promotions ne se font pas en fonction du mérite et du travail de chacun, mais en fonction de ses relations familiales, tribales ou partisanes avec les chefs. Les observateurs ont été toujours étonnés par la célérité avec laquelle le régime égyptien, pour rester dans notre espace géographique, sanctionne les responsables en cas de coup dur: attentat terroriste, accident de train meurtrier, parce que c'est un pays où les ministres et les responsables de la sécurité sont tenus par l'obligation de résultat. Le limogeage du premier responsable du secteur est la première décision que prend toujours le président Moubarek. Son remplaçant fera attention et ne renouvellera pas les erreurs de son prédécesseur, et lui-même procède à un nettoyage dans les structures de son secteur, nettoyage qui est un appel d'air à de nouvelles compétences, mais aussi à plus de vigilance. Donc chez nous, c'est un fait que l'apparition même de la peste est une erreur sans doute humaine, au niveau de l'hygiène et de la prévention, mais sa propagation à plusieurs wilayas de l'Ouest est une circonstance aggravante qui montre le laisser-aller et le relâchement dans la vigilance qui doit être de mise pour l'éradication de l'épidémie. Tout comme la déclaration de patrimoine qui a été faite pour décourager la corruption et l'enrichissement sans cause, le renouvellement du personnel politique en cas de coup dur est un gage de bonne gouvernance. Ceux qui veillent sur les intérêts de la collectivité - surtout sur sa santé - ont des comptes à rendre...aux contribuables, même si la notion de contribuable jouit de peu de considération en Algérie.