Le souverain alaouite devait annonçer dans la soirée d'hier, d'importants changements dans la Constitution du Royaume ouvrant la voie à une monarchie constitutionnelle. Une première arabe! Le roi du Maroc devait faire savoir, hier soir, qu´il accédait à l´une des principales revendications: la constitutionnalisation de la monarchie marocaine. C´est du moins ce que laissaient entendre hier, nombre d´analystes marocains et internationaux, quelques heures avant le discours du roi du Maroc. Selon l´agence Maghreb Arabe Presse (Map), le souverain chérifien devait adresser hier soir à 20h GMT (21h locales) à la radio et à la télévision marocaine, un discours à la nation, selon un communiqué du ministère de la Maison royale, du Protocole et de la Chancellerie. Une première dans l´histoire des monarchies (absolues) arabes. Le Maroc serait donc, la première monarchie dans le monde arabe à opter pour la monarchie constitutionnelle. Dans le monde on cite volontiers l´exemple de la monarchie britannique. En attendant de voir, jusqu´où le souverain alaouite compte aller, notons que ces changements entrent dans le cadre d´une réforme constitutionnelle très attendue. Le projet de nouvelle loi fondamentale est discuté depuis mars dernier au sein d´une commission qui a remis récemment au roi Mohammed VI son rapport.. Cette évolution est la résultante directe du début d´un mouvement de révolution, inspiré par les révoltes du «Printemps arabe.» Il s´agit donc d´une des revendications des manifestations qui se déroulent dans le Royaume depuis le mois de février, à l´instar (mais sans violences) de ce qui s´est passé dans d´autres pays d´Afrique du Nord ou du Moyen-Orient. Le 9 mars, Mohammed VI avait promis des réformes politiques pour répondre aux attentes des manifestants. L´intervention du souverain devait présenter les grandes lignes de son projet constitutionnel. Il prévoit donc, dans un premier temps, la mise en place d´une monarchie constitutionnelle, avec un Premier ministre qui prendra réellement les rênes de l´exécutif. Ce projet de nouvelle Constitution sera dans un second temps, soumis à un référendum populaire en juillet. Depuis l´annonce des réformes, une commission a été mise en place, en mars, sous la présidence du juriste, Abdeltif Menouni, dont les conclusions ont été présentées aux partis politiques. Revenant au plus important. Selon des milieux proches de cette commission, la nouvelle Constitution doit confirmer que l´Islam reste la religion de l´Etat et que la liberté de culte est garantie. Elle doit également établir les limites du champ d´intervention du roi comme Commandeur des croyants, un titre qui lui confère une haute autorité dans le domaine religieux. La nouvelle loi fondamentale doit également désigner le berbère comme langue officielle à côté de l´arabe. En outre, la justice sera clairement séparée des autres pouvoirs pour assurer son indépendance. Depuis le mois de février, le Maroc est le théâtre de manifestations en faveur de la démocratie menées, notamment par le Mouvement de jeunes réclamant le renforcement des pouvoirs du Premier ministre. «Nous voulons une monarchie parlementaire, démocratique et sociale». «Cela suppose que le Premier ministre devienne le chef effectif du pouvoir exécutif», a ajouté M.Lachgar qui est également l´un des dirigeants du parti de l´Union socialiste des forces populaires, en plus d´être ministre chargé des relations avec le Parlement. Aussi, la «nouvelle Constitution préserve le caractère musulman de l´Etat et protège la langue arabe». Se félicitant de l´adhésion active, tout au long du processus en question, de l´ensemble des chefs des formations politiques et des Centrales syndicales nationales, au projet d´élaboration d´une Constitution démocratique avancée, le Roi Mohammed VI a, selon la Map, exprimé sa volonté de veiller à ce qu´ils continuent à apporter leur contribution constructive au cours des prochaines étapes de ce processus, en faisant preuve, comme toujours, d´une quête constante d´un consensus constructif d´une forte mobilisation d´un patriotisme sans faille et d´un ferme attachement aux constantes de la nation et aux valeurs démocratiques.