Alain Juppé apporte un démenti aux manoeuvres marocaines visant à impliquer l'Algérie dans l'acheminement de mercenaires en Libye. Après Washington, c´était le tour de Paris, jeudi dernier, d´apporter un démenti formel aux accusations portées contre l´Algérie dans l´activité de mercenariat en Libye. Par le biais de son ministre des Affaires étrangères et européennes, Alain Juppé, la France infirme toute implication de l´Algérie dans l´acheminement de mercenaires en Libye. M.Juppé qualifie ces accusations d´«infondées». «Non, l´Algérie n´est pas impliquée dans l´envoi de mercenaires en Libye», a répondu, jeudi, M.Juppé à une question de L´Expression, lors de la conférence de presse co-animée avec son homologue Mourad Medelci, et ce, jeudi dernier à la résidence El Mithak. Pour le ministre français, il s´agit d´une accusation infondée à laquelle on ne doit pas «accorder trop d´importance». Mieux encore, le conférencier a salué, indirectement, l´Algérie pour le respect des décisions prises par les Nations unies. «Bien au contraire, nous avons constaté le grand attachement de l´Algérie aux résolutions du Conseil de sécurité», a-t-il expliqué. A travers un tel témoignage, la France vient d´enfoncer le pays qui était à l´origine de cette intox. La déclaration de la France vient conforter la position diplomatique de l´Algérie. Les hauts officiels du pays ont apporté, à maintes reprises, des démentis à ces accusations qui sont une manoeuvre de la part d´un pays qui a poignardé dans le dos l´Algérie. Sans aller par trente-six chemins, Ahmed Ouyahia, Premier ministre, a accusé ouvertement, les lobbys marocains à Washington et la MAP d´être à l´origine de cette manoeuvre. Selon cette thèse, la réponse de Paris se veut, également, comme un démenti à l´adresse des dirigeants de Sa Majesté le roi Mohammed VI. Bien avant Paris, Washington a innocenté l´Algérie de ces manoeuvres. Le commandant de l´Africom (Commandement américain pour l´Afrique), le général de corps d´armée Carter F. Ham avait souligné, lors de son passage à Alger, il y a deux semaines, qu´il n´existait pas de mercenaires envoyés par l´Algérie en Libye. «Je n´ai rien vu d´officiel ou de rapports qui fassent état d´envois par l´Algérie de mercenaires en Libye», avait-il annoncé. Interrogé sur l´intervention française en Libye, M.Juppé a soutenu que son pays était favorable à une solution politique, dans la mesure où «l´intervention militaire en Libye n´était pas une fin en soi». La solution politique pour Paris est conditionnée par un cessez-le-feu «authentique». M.Juppé explique que l´armée du colonel El Gueddafi doit retourner dans ses casernes et que ce dernier doit s´écarter du pouvoir civil et militaire. Selon le même interlocuteur, «seules» ces conditions peuvent assurer une démarche vers un processus de dialogue et de réconciliation nationale en Libye. Et de justifier que son pays est intervenu «dans le cadre d´une coalition internationale en application de la Résolution 1973 du Conseil de sécurité de l´ONU». Il a, également, souligné le fait que la résolution du Conseil de sécurité n´évoque pas le départ d´El Gueddafi, mais ce dernier, en tant que chef de l´Etat a perdu de sa légitimité vis-à-vis de la communauté internationale. S´agissant des victimes civiles des frappes aériennes de l´Otan, M.Juppé a soutenu que «ces frappes visaient les installations militaires» du gouvernement de Tripoli. Et de soutenir que la résolution 1973 autorise le recours à tous les moyens pour protéger les civils. «La résolution 1973 prévoit une zone d´exclusion aérienne mais elle autorise aussi l´utilisation de tous les moyens nécessaires pour protéger les populations civiles». Quant au rôle de l´Union africaine dans cette crise, le diplomate français estime qu´elle a un rôle essentiel à jouer pour trouver une issue à cette situation.