Le chef de la diplomatie syrienne a, d'autre part, démenti que son pays recevait l'aide de l'Iran ou du Hezbollah libanais contre les manifestants qui contestent le régime du président Assad. Le ministre syrien des Affaires étrangères, Walid Mouallem, a affirmé hier que son pays, en proie depuis la mi-mars à un mouvement de contestation du régime du président Bashar Al Assad, rejetait «toute ingérence» dans ses affaires intérieures. «Nous rejetons toute ingérence étrangère. Nous (les Syriens) pourrons parvenir à des dénominateurs communs en dépit des divergences des points de vue. Personne à l´extérieur (de la Syrie) ne doit nous imposer son point de vue», a dit le ministre lors d´une conférence de presse à Damas. Il a ainsi accusé son homologue français Alain Juppé d´avoir des «illusions colonialistes». «M. Juppé vit toujours dans les illusions de l´époque coloniale française. Il n´aura aucune influence dans les affaires syriennes», a lancé M. Mouallem, l´accusant de se croire en droit de «conférer la légitimité à tel ou tel dirigeant». Assimilant les sanctions européennes imposées au régime à cause de la répression à une «guerre» M. Mouallem a déploré que depuis le début des évènements dans son pays, «aucun responsable européen ne s´est rendu en Syrie pour discuter avec nous de ce qui se passe. Ils ont commencé à imposer une série de sanctions et aujourd´hui ils visent le gagne-pain des Syriens, ce qui équivaut à une guerre». «Nous allons oublier que l´Union européenne figure sur la carte et je vais demander aux dirigeants (syriens) de geler notre participation à l´Union pour la Méditerranée». Ce forum de coopération entre l´Union européenne et les pays du sud de la Méditerranée dont Israël, est aujourd´hui moribond, en grande partie à cause de la paralysie du processus de paix israélo-palestinien. Le ministre syrien a aussi démenti que son pays recevait l´aide de l´Iran ou du Hezbollah libanais contre les manifestants qui contestent le régime du président Assad. La répression a fait depuis le 15 mars plus de 1300 morts parmi les civils et entraîné l´arrestation de plus de 10.000 personnes, selon des ONG syriennes. Elle a aussi poussé à l´exode des milliers de Syriens vers la Turquie et le Liban. M. Mouallem a d´autre part déclaré que son pays souhaitait «les meilleurs relations avec la Turquie» et demandé aux responsables turcs de «revoir leur position» sur les événements en Syrie. «Nous sommes attachés aux meilleurs relations avec la Turquie avec laquelle nous partageons plus de 850 km (de frontières). Nous ne voulons pas anéantir des années d´efforts déployés pour établir des relations privilégiées. Je souhaite qu´ils revoient leur position», a-t-il dit. La Turquie, qui a accueilli plus de 10.500 réfugiés syriens, a estimé que M. Assad aurait dû s´engager d´une manière «beaucoup plus claire et nette» sur les réformes. «Il faut lire entre les lignes dans son discours. Il faudrait qu´il dise haut et fort d´une manière claire et nette: (...) «Nous passons au système pluraliste, nous allons organiser des élections démocratiques conformes aux normes internationales», a indiqué lundi le président Abdullah Gül au lendemain d´un discours du président Assad. La Turquie fournit également de l´aide humanitaire aux déplacés du côté syrien de la frontière. Dans son discours à l´Université de Damas, le président Assad a appelé les Syriens réfugiés en Turquie à rentrer au pays, tout en prévenant: «Il est du devoir de l´Etat de poursuivre les saboteurs, il n´y a pas de solution politique avec ceux qui ont porté les armes». Des opposants syriens se trouvent dans la zone frontalière, où ils ont annoncé dimanche avoir formé un «Conseil national» pour tenter de le faire chuter le régime d´Assad.