La commission Bensalah a clôturé ses travaux dont le rapport, indique-t-on, sera remis incessamment au chef de l´Etat. Dans l´attente de savoir ce qui va sortir de ces consultations pour l´avenir du pays, retenons cependant un fait qui n´est pas passé inaperçu. Ainsi, les analystes n´ont pas manqué de relever l´absence de «poids lourds» politiques dans ces consultations. Mais pas que ça, si l´on excipe du fait que l´Algérie a vu naître près d´une centaine de partis desquels il était attendu qu´ils donnent au pays un solide espace politique, capable de mettre à la disposition de la nation les hommes d´Etat qui lui font tant défaut. Au regard des «personnalités» qui ont défilé à El Mouradia, il y avait de quoi être sceptique. Où sont donc passées les quelque 80 associations à caractère politique (ACP, dénomination officielle des partis politiques en Algérie) qui polluaient, dans les années 90, le champ politique national? En effet, si l´on excepte les trois partis de l´Alliance présidentielle, deux à trois autres formations politiques, plus ou moins en vue, la classe politique nationale brillait par son absence. Et d´Hommes d´Etat, point. De fait, des partis représentatifs, à l´image du FFS et du RCD, ou d´hommes politiques indépendants ont décliné l´invitation. L´un dans l´autre, cela enlevait à la consultation son caractère politique, sinon pluriel, en se limitant à un seul son de cloche. D´autre part, vidé de son contexte politique et contradictoire, le débat est devenu un simple faire-valoir technique, outre d´avoir été strictement encadré. De même, peu de participants ont réellement fait des propositions innovantes, comme d´expliciter ce qu´ils entendaient par «changement»; ou de s´interroger si un tel changement pouvait être initié par ceux-là qui ont échoué dans la gouvernance du pays, la raison précisément, de la mise sur pied de ces consultations. Toutefois, ce qui a paru insolite est bien le fait d´avoir invité à ces consultations des hommes politiques disparus du champ politique depuis des années et surtout en déphasage par rapport à la réalité de l´Algérie de 2011. Aussi, la résurgence de ces hommes avait-elle fait tiquer plus d´un. Toute chose égale par ailleurs, quel intérêt y avait-il à faire revenir à la vie politique des hommes qui ne se sont pas signalés dans le passé par la pertinence de leurs propos ou par leur contribution à trouver une issue aux crises récurrentes que traversait le pays? Or, l´existence de ces petits partis - qu´un leader islamiste avait qualifié dans les années 90 de «sanafir» - entretient la confusion, paralysant dans le même temps l´expression politique saine et empêchant la décantation. Aussi, recourir en 2011 à ces partis dont l´existence a été oubliée ne pouvait contribuer à clarifier le débat et à décanter la donne politique. En brassant large - consultant le tout-venant, quand les vrais interlocuteurs se sont fait porter pâles - la commission de consultation a mis quelque peu en doute la crédibilité de ses débats, comme de ses objectifs. Ce qui au départ, pouvait apparaître comme une initiative louable (consulter tout le monde) devient suspect à l´arrivée dès lors que le tri préalable n´a pas été fait, privilégiant la quantité à la qualité. Or, des hommes politiques de qualité existent. On ne leur a pas fait appel, ou on n´en a très peu vu du côté d´El Mouradia. Aussi, si ces consultations politiques, devenues nécessaires, ont été organisées c´est bien qu´il y a consensus sur le fait qu´il existe une impasse qu´il faut absolument dépasser pour remettre le pays sur les rails du développement et de la bonne gouvernance. Peut-on dès lors se suffire des avis de personnalités, qui n´avaient pas d´envergure politique, connues ou reconnues, tout en faisant l´économie des opinions des forces (hommes politiques, société civile et syndicats indépendants) les plus engagées pour le changement? Telle est la question!