Chaque distribution est synonyme de contestation L'iniquité et le piston risquent de provoquer un embrasement généralisé. Le logement social pose un sérieux problème aux autorités locales. C´est devenu une rengaine: chaque distribution est synonyme de contestation, d´émeute, voire de dérapages. Les exemples ne manquent pas. Que ce soit à Alger, Tizi Ouzou, Béjaïa ou dans plusieurs autres villes du pays, des mouvements de protestation éclatent lors de chaque opération de distribution. Au niveau de la capitale, pas moins de cinq localités sont concernées par cette situation. A la Casbah, Alger, un mouvement de protestation a suivi l´opération de distribution de 80 logements alors que la liste des demandeurs dépasse les 3000. Le même scénario s´est deroulé à El Mouradia, où la liste des 60 bénéficiaires de logements sociaux a suscité la grogne de centaines de citoyens. Ils ont tenu des rassemblements devant le siège de l´APC pendant plusieurs jours. La commune de Bachdjarrah a, elle aussi, connu de tels mouvements et les contestataires ont dénoncé des irrégularités graves dans la distribution de ces logements. Dans la wilaya de Blida, c´est la commune de Boufarik qui a vécu pareille situation. La liste établie par les élus est vivement contestée. Une personne, désespérée, aurait même tenté de s´immoler avec un bébé de cinq mois dans les bras. Des mouvements similaires ont été également enregistrés dans plusieurs communes de la wilaya de Boumerdès. A Bordj Menaïel, des dizaines de personnes ont protesté devant les sièges de l´APC et de la daïra, au lendemain de la divulgation des noms des 500 bénéficiaires de logements sociaux. A Cap Djinet et Thénia, la publication de la liste a également provoqué la colère de nombreuses familles. Les protestataires ont procédé à la fermeture des sièges des APC et ont demandé la révision des listes jugées inéquitables. Plusieurs dizaines de personnes, dans la commune de Rafour (45 km à l´est de Bouira), ont coupé la route nationale reliant Bouira à Bejaïa pour protester contre la liste des bénéficiaires de logements sociaux. A Tizi Ouzou, la mairie d´Azazga a été fermée durant l´après-midi de dimanche dernier par la population locale suite à l´affichage des noms des bénéficiaires. Une liste qui a engendré un vrai mécontentement. A Oued El-Kheir dans la wilaya de Mostaganem, la liste des bénéficiaires de logements sociaux est, elle aussi, contestée... Jusque-là, c´est un avant- goût d´une politique qui ouvre les portes du chaos. Cette effervescence qui n´a pas épargné même le sud du pays ne semble pas s´estomper. Il est à craindre qu´elle dégénère en de graves émeutes, notamment au niveau de la capitale où la situation semble explosive. Et pour cause, 1900 logements seront distribués d´ici à la fin du mois de juin alors que le nombre de demandeurs est de 110.000. Il est attendu, en outre, la livraison de quelque 10.000 logements avant la fin de l´année 2011. Un véritable casse-tête pour les autorités locales puisque l´opération ne sera pas une simple sinécure. Ce chiffre est avancé par Mohamed Smaïl, directeur du logement de la wilaya d´Alger la semaine dernière. Ce déficit en matière de disponibilité pose un sérieux problème pour l´ordre public, surtout lorsque l´on sait que les relations entre les citoyens et les pouvoirs publics ont atteint le stade d´une crise de confiance criante. D´où, le risque de voir la situation dégénérer.. Faut-il changer aujourd´hui les modalités et la méthode d´attribution de ces types de logement? Faut-il être pistonné par un élu pour espérer avoir enfin un chez-soi? Une chose est, cependant, sûre. Les autorités locales établissent ces fameuses listes, mais évitent d´affronter les protestataires et d´assumer leurs décisions. C´est toute la gouvernance qui est remise en cause.