«le mouvement n'aura plus de raison d'être une fois les revendications satisfaites.» Près d'un mois et demi après l'offre de dialogue du pouvoir et plus de quinze jours après la réponse des ârchs, l'heure est aux manoeuvres et aux conciliabules au sujet de la mise en oeuvre de la plate-forme d'El-Kseur. Du côté des ârchs, et derrière des apparences des plus sceptiques sur l'existence de volonté politique pour le règlement de la crise, c'est la course contre la montre pour les délégués à qui sera le mieux placé pour représenter la population. Certes, les récentes déclarations des leaders de la CIC Béjaïa et de la Cadc de Tizi Ouzou, ont laissé entendre que le mouvement est entré dans une phase de tâtonnement au sujet de la suite à réserver à la structure des ârchs une fois les revendications de la plate-forme d'El-Kseur satisfaites. Ali Gherbi du CSC d'El-Kseur considère que le mouvement «est une force politique incontournable» allant même jusqu'à anticiper sur une probable candidature du mouvement à la présidentielle de 2004. A contrario, Belaïd Abrika qui a repris son bâton de pèlerin, plaide pour une coexistence avec les partis politiques non sans rappeler le code d'honneur du mouvement qui stipule que «le mouvement n'aura plus de raison d'être une fois les revendications satisfaites». Mais il faut signaler tout de même que le délégué de Tizi Ouzou a tenu un discours plus pragmatique lors du récent conclave extraordinaire de la Cadc à Maâtkas. Il a clairement émis le voeu que le mouvement abandonne toute réflexion qui ne mène à rien. Il est vrai que les échéances politiques actuelles pèsent de tout leur poids sur le mouvement citoyen qui, contrairement aux apparences, ne vit pas en vase clos. Faut-il aussi rappeler la mise en garde récente du leader du RCD à l'adresse des ârchs, dans laquelle il accuse certains délégués d'avoir des velléités de substitution aux partis politiques. Cette sortie renseigne sur l'existence d'un projet, voire une idée de substituer le mouvement des ârchs aux partis classiques de la région, le FFS et le RCD. Le parti de Hocine Ait Ahmed est convaincu que ceci n'est pas une simple vue de l'esprit. Il le démontrera en dénonçant les dérives qui ont émaillé le mouvement depuis la marche du 14 juin 2001 jusqu'à la décision de retirer ses délégués des structures des ârchs et de participer aux élections locales de 2002. Dans cet ordre d'idées, on indique que les informations faisant état de fronde dans les rangs du FFS par rapport à son secrétariat national s'inscriraient dans cette même logique de confrontation entre les partis et les ârchs. En somme, si la tendance autonomiste née dans le feu des émeutes a sensiblement régressé en raison de la vocation nationale des revendications du mouvement sans cesse réitérées par ses animateurs, il demeure que le problème de leadership risque d'avoir raison sur le mouvement. A ce titre, il convient de souligner qu'un conclave d'«explication» est prévu dans les prochains jours dans la wilaya de Bouira, selon des sources du mouvement des ârchs. Cette rencontre servirait à aplanir les divergences nées des diverses pressions exercées sur le mouvement aussi bien par les différentes composantes qui le forment que par le pouvoir pour forcer la main aux ârchs et les amener à accepter un compromis. Les anciens acteurs du dialogue Gouvernement-mouvement de la citoyenneté ne seraient pas en reste. On apprend de source proche des Archs, que certains éléments du dialogue passé seraient passés à l'offensive pour exiger leur prise en compte dans la mise en oeuvre. Un handicap de plus que les animateurs du mouvement citoyen doivent lever.