«Si le pouvoir est sincère, notre réponse l'est également.» Le leader du Comité de la société civile (CSC) d'El-Kseur et membre de l'interwilayas du mouvement citoyen des ârchs, Ali Gherbi, a déclaré hier: «Nous avons répondu favorablement à l'offre de dialogue du Chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia.» Il prendra tout de même soin de relativiser cette réponse. «Si le pouvoir est sincère, notre réponse l'est également, sinon la nôtre ne l'est pas non plus», a tenu à préciser M.Gherbi dans un entretien accordé hier à L'Expression dans sa rubrique «A coeur ouvert», quarante-huit heures après la clôture des travaux de l'interwilayas à Amizour. Interrogé sur les projections qu'il fait de la situation après cette première prise de langue indirecte avec le pouvoir au sujet de la crise en Kabylie, l'orateur notera tout d'abord que «le Chef du gouvernement a mis trop de temps à satisfaire le premier préalable, celui de la libération des détenus». Il signalera au passage que sept jeunes émeutiers demeurent encore dans les prisons. Et de s'interroger: «Est-ce que ces jeunes sont plus dangereux que les délégués libérés? Ou alors est-ce une forme de chantage qu'on veut exercer sur le mouvement?» Ali Gherbi enchaînera en disant que «si le Chef du gouvernement avait libéré plus tôt les détenus, la réponse des ârchs n'aurait pas été la même», autrement dit moins nuancée. S'agissant des prochaines étapes, pratiques, à attendre à la suite de l'acceptation par les ârchs de l'offre de dialogue du pouvoir, M.Ali Gherbi citera, en premier lieu, le communiqué de la présidence de la République reconnaissant la plate-forme d'El-Kseur et invitant les ârchs à sa mise en oeuvre. La participation de représentants des ârchs à la rédaction dudit communiqué serait «idéale», indiquera-t-il. Ensuite et concernant la mise en oeuvre de la plate-forme, le délégué de l'interwilayas dira: «Nous allons nous mettre autour d'une table pour exposer notre approche et écouter celle du pouvoir avant de nous mettre d'accord sur la mise en oeuvre.» Contre toute attente et à la question relative à la dissolution des assemblées élues, l'orateur révélera que celle-ci n'a pas été totalement évacuée. «La question des assemblées illégitimes sera posée lors du dialogue.» Pressé de préciser sa pensée, Ali Gherbi dira que «les ârchs vont poser la question de la dissolution des APC, des APW et de l'APN, lorsqu'ils seront face au pouvoir et ils vont s'entendre avec lui sur les échéances». Tout en précisant que cette revendication est d'ordre national et une question de réparation des préjudices subis par les partis, Gherbi se montrera souple sur la question du calendrier de ces dissolutions. Questionné sur le devenir des réflexions que le mouvement a entreprises depuis quelques mois et qui sont restées inachevées, il dira que «l'idée d'une conférence nationale citoyenne comme moyen d'élargir le mouvement pour toucher les autres régions du pays est toujours à l'ordre du jour». «S'il y a satisfaction de la plate-forme d'El-Kseur avec la participation des Algériennes et des Algériens, nous serons favorables à l'élaboration d'un pacte social», indiquera-t-il. Enfin, Ali Gherbi, se plaçant résolument dans la logique du dialogue, a émis le souhait que les ârchs «participent activement dans le cadre des commissions permanentes de travail» qui devront voir le jour lors de la mise en oeuvre de la plate-forme d'El-Kseur par les ârchs et l'Exécutif.