«On n'oublie rien de rien, on s'habitue, c'est tout!» Jacques Brel Il y aura toujours des mécontents! La nature humaine est ainsi faite. Le juge le plus impartial s'attirera toujours des remontrances de la part de quelqu'un qui se sentira un peu lésé dans une sentence acceptée par la majorité. Alors, que dire de ces consultations politiques qui ont été menées avec une homérique persévérance! Il faut tirer chapeau à celui qui a eu la patience d'écouter consciencieusement tant d'avis divers et souvent divergents. Alors, c'est normal qu'au bout de quelques semaines d'auditions, quelques personnes et des personnalités, et non des moindres, se sentent marginalisées parce que leur parcours ou leurs expériences supposées pouvaient les laisser espérer un petit strapontin de quelques minutes dans le fameux salon de M.Bensalah. C'est que ces braves gens n'auront rien compris à la courte histoire de ce pays! Primo, il suffit de se rappeler que si le fameux Congrès de Tripoli a tourné court, c'est parce que précisément, les participants, tous des figures historiques, n'ont pas pu se mettre d'accord, non pas sur un programme minimum, mais sur les noms des gens qui seraient chargés de l'appliquer. Chacun voulait placer ses petits amis, ses complices de toujours ou ses sympathies supposées. Les gens de Dunkerque ne voulaient pas entendre parler de ceux de Tamanrasset, ceux d'Oujda avaient une dent contre ceux de Palestro et ceux de Ghardimaou ont la rancune tenace contre ceux de Ghardaïa Ne parlons pas des pensionnaires du château d'Aulnoy qui, hier encore, étaient comme les cinq doigts de la main... Alors, comme il y avait des gens pour qui le temps c'était de l'argent, ils se sont dit qu'il fallait faire vite avant que cela ne refroidisse. Et quand la soupe fut servie, beaucoup ont été oubliés, voire ignorés, bousculés... La vie est ainsi faite. Alors, il ne faut pas s'étonner qu'aujourd'hui on ait oublié d'envoyer des convocations à des gens qui n'ont pas démérité, certes, mais, hélas, ils sont trop nombreux et comme on dit, on ne peut pas plaire à tout le monde! On ne s'entendait pas quand nous n'étions que neuf millions, avec un seul parti déclaré et beaucoup d'arrière-pensées, comment voulez-vous qu'on se comprenne maintenant avec trente-cinq millions de sujets qui ont tous quelque chose à reprocher à leur voisin sur son comportement d'hier: seuls quelques rares politiciens spécialistes du retournement de veste savent oublier les coups fourrés... Alors, je pense qu'il ne faut pas trop épiloguer sur les oubliés, d'autant plus que M.Babès n'a pas manqué d'écouter, lui aussi, ceux qui n'ont pas tendance à chuchoter. C'est dire les efforts fournis pour essayer de contenter tout le monde. Mais allez donc trouver quelque chose de commun à celui qui croit pertinemment que ses ancêtres viennents de Roubâa El-Khali et celui qui s'entête à préférer le nom de Kahina à tout autre nom importé du Moyen-Orient. Allez-donc réunir dans la même chapelle celui qui croit au ciel et celui qui ne croit point, la rose et le réséda, la cigale et la fourmi, le loup et l'agneau, le yogi et le commissaire, Ali Baba et les quarante voleurs, le bon, la bête et le truand, le boucher et la vache, le bastonné et le bastonneur, le harrag et le milliardaire qui voyage toujours au frais de la princesse nommée Trésor Public... Mais quoi qu'on dise, quoi qu'on fasse, il y aura toujours des râleurs! Pourquoi ne pas revenir simplement aux classiques: la charte de la Soummam, la Constitution de 1994... ce serait tellement plus simple!