Plusieurs résidentes ont été brutalisées et des arrestations ont été enregistrées. L'élite médicale dans la rue. Bousculée, cette élite, qui boucle déjà ces trois mois de protestation et dont l'année universitaire est d'ores et déjà compromise, a été violemment empêchée de tenir son sit-in devant la première institution politique du pays. Un impressionnant dispositif policier a été érigé. Chaque carrefour, chaque coin, recoin, trottoir, routes et accès vers la présidence est hautement surveillé. Vers 11h, les ruelles mitoyennes au siège de la Présidence, grouillaient encore de policiers en uniforme et tenue civil trahis par le crépitement incessant des talkie-walkies. «Il y a un groupe d'une quarantaine à hauteur de Saint-Georges», tonnait l'un d'eux Ceinturés par une cohorte exceptionnelle d'agents de brigade antiémeute, ils ont été contraints de rebrousser chemin. Un dispositif «inégalable» a fait avorter le rassemblement des résidents. «Les résidents ne se laisseront jamais aller à la compromission. Nous, issus de jeunes générations n'acceptons aucun compromis», dira une résidente en colère hier. Celle-là a assisté en direct à la bastonnade subie par sa collègue à la hauteur de l'hôtel Saint-Georges. La victime a tenté de résister aux policiers qui l'ont bousculée pour l'embarquer de force dans leur fourgon. Comme elle, plusieurs résidents et résidentes ont été traînés et chargés dans des fourgons et véhicules de la police. «Les délégués des hôpitaux Zmirli et Mustapha ont été chargés et ma collègue a été tabassé sous mes yeux», dira Amina, une autre résidente qui n'en revient pas encore de la scène qui s'est déroulée devant elle. En sa qualité de médecin exerçant au centre Pièrre et Marie Curie, elle affirme qu' «elle assistait impuissante chaque jour à la mort lente de ses patients au service de chimiothérapie qui fait face au manque de médicaments parmi tant d'autres produits indispensables». Souvent nos malades acheminés depuis le Sud et l'intérieur du pays, arrivent trop tard puisqu'ils ont déjà atteint la phase 4». Pour cette résidente, «la disparité régionale en matière d'accès aux soins est flagrante. On compte 26 établissements de santé à Alger dont une dizaine de CHU alors qu'on a uniquement 26 petits établissements non spécialisés pour tout le Sud», déplore-t-elle. La plupart des résidents, qui sont légion, ont été relâchés à proximité de la gare routière du Caroubiers. «Les délégués sont systématiquement interpellés», dira le Dr Yellès, le porte-parole du Comité autonome des médecins algériens.