Les révolutions arabes ont chamboulé bien des programmes Les révolutions tunisienne et égyptienne donnent un cachet particulier au projet cher à Nicolas Sarkozy. Fondée le 13 juillet 2008 à l'initiative du président français, l'Union pour la Méditerranée avait pour objectif de servir d'outil pour dynamiser les efforts de paix au Proche-Orient. Les révoltes qui ont éclaté à travers le Monde arabe semblent lui avoir trouvé sa véritable vocation. L'UPM veut prendre part au Printemps arabe, mais sans pour autant «donner des certificats de démocratie», a confié le SG de l'UPM dans un entretien, paru mardi, accordé au quotidien espanol El Pais. Quel est ce nouveau rôle qui lui sera dorénavant assigné? Elle «doit travailler et proposer des projets dans les domaines de la démocratie et de la société civile», a déclaré son secrétaire général, tout fraîchement installé, qui a pris ses fonctions, hier, à Barcelone. Pourquoi ce changement de cap? «En 2008 (année de la création de l'UPM, Ndlr), la situation était totalement différente. Aujourd'hui, les réformes et la modernisation démocratique sont à l'ordre du jour dans la majorité des pays», a déclaré son nouveau patron, le diplomate marocain Youssef Amrani qui occupait à l'époque le poste de secrétaire général du ministère des Affaires étrangères. Dans ce nouvel habit de l'UPM, le chef de la diplomatie française ne voit ni plus ni moins qu'une «initiative prémonitoire». Une bien étrange déclaration lorsque l'on sait que la France n'a vu que du feu lorsque la Révolution de jasmin s'est propagée pour mettre fin à près d'un demi-siècle d'un régime autoritaire dirigé d'une main de fer et sans partage par Zine el-Abidine Ben ali que l'Hexagone n'a eu de cesse de soutenir. «Les printemps arabes montrent combien cette initiative était prémonitoire... Ils montrent à quel point notre communauté de destin autour de la Méditerranée est profonde et combien il est urgent de structurer un projet qui favorise des solidarités et des réalisations communes pour améliorer la vie quotidienne des citoyens», a souligné Alain Juppé dont le pays a soutenu la candidature du diplomate marocain et... certains dictateurs arabes. «Ni l'UPM ni aucune autre organisation internationale n'est en position de donner des certificats de démocratie. L'époque où l'Occident pouvait dicter les critères d'acceptation d'un pays est finie», a fait remarquer de son côté le nouveau secrétaire général de l'Union pour la Méditerranée qui faisait allusion à la répression qui sévit en Syrie. C'est sans doute dans ce contexte qu'intervient la nomination de l'ex-Premier ministre français Edouard Balladur, par Nicolas Sarkozy, en tant qu'envoyé spécial du G8 pour la mise en oeuvre du Partenariat de Deauville «consacré au soutien aux pays arabes dans leur transition vers des sociétés démocratiques», a annoncé mardi dans un communiqué la présidence française. L'ex-candidat malheureux à l'Elysée ne compte pas perdre de temps, il sera en visite dans la région dés la fin du mois de juillet. Edouard Balladur parlera «au nom de la présidence française du G8 et présentera les modalités concrètes de l'appui que le G8 entend mettre en place pour le succès des «printemps arabes» en concertation étroite avec les organisations internationales compétentes, au premier rang desquelles les institutions financières internationales», a précisé l'Elysée. Sarkozy sonne la charge.