Dans cette crise grecque, Mme Lagarde passe pratiquement sans transition d'un côté de la table celui de la zone euro à celui du FMI. Après la chute de Dominique Strauss-Kahn, le président français Nicolas Sarkozy a choisi, et avec succès, de pousser la candidature de M.Lagarde. La nouvelle directrice générale du Fonds monétaire international, Christine Lagarde, prend ses fonctions aujourd'hui à Washington, avec la Grèce en tête de son ordre du jour. La Française a prévu de prendre ses fonctions ce matin, heure de Washington, et de donner une conférence de presse demain à 09h30 (13h30 GMT). «L'économie mondiale est toujours secouée par les incertitudes en Europe, les soulèvements au Moyen-Orient, les signes de surchauffe dans certaines économies de marchés émergents en croissance rapide et par la hausse des prix des produits de base», observe le journal interne de l'institution. Mais la crise de la dette en Grèce éclipse toutes les autres priorités. A court terme, le FMI doit réunir son conseil d'administration pour débloquer la cinquième tranche de son prêt de 30 milliards d'euros à Athènes. Elle devrait être de 3,3 milliards d'euros, selon le programme des versements établi à l'origine, en mai 2010. Cette somme viendra compléter les 8,7 milliards d'euros que les Européens ont promis ce week-end de verser à Athènes. La prochaine réunion du conseil d'administration sur la Grèce doit, d'après le FMI, avoir lieu bientôt. A moyen terme, le Fonds doit trouver un moyen, avec ses partenaires européens, de financer un Etat qui, contrairement aux prévisions initiales, devrait, selon toute vraisemblance, être incapable de retourner sur les marchés de la dette à long terme début 2012. Et les choses s'avèrent plus compliquées que prévu. Le scénario sur la table des négociateurs européens, suggéré par les créanciers privés français pour alléger le fardeau de la dette de la Grèce, a subi un revers lundi. L'agence de notation Standard and Poor's a fait savoir que les scénarios envisagés «conduiraient probablement à un défaut de paiement selon (leurs) critères», ce que les Européens tentent précisément d'éviter, craignant une contagion à d'autres pays fragiles de la zone euro comme le Portugal, voire l'Espagne. Dans cette crise grecque, Mme Lagarde passe pratiquement sans transition d'un côté de la table, celui de la zone euro, à un autre, celui du FMI. Devant le conseil d'administration du Fonds le 23 juin, elle a promis qu'elle aurait, vis-à-vis des pays de la zone, la même rigueur qu'avec les autres Etats membres. «La première chose que je souhaite faire, c'est rassembler les équipes, leur donner confiance, courage, énergie, et puis se mettre au travail» avait-elle dit peu après sa nomination. Et cela, malgré la menace d'une procédure judiciaire en France. La justice française doit dire le 8 juillet si elle ouvre ou non une enquête pour abus d'autorité visant Mme Lagarde dans une affaire complexe impliquant le sulfureux homme d'affaires Bernard Tapie, et dont la facture pour les contribuables français s'élève à quelque 385 millions d'euros. Mme Lagarde affiche l'intention d'assurer une certaine continuité avec son prédécesseur, Dominique Strauss-Kahn, quoique pas issue de la même école. Lui se définit comme social-démocrate, là où Mme Lagarde affirme pratiquer un «libéralisme tempéré». Avocate d'affaires aux Etats-Unis avant de devenir ministre française de l'Economie, Christine Lagarde, 55 ans, qui a pris hier ses fonctions à la tête du FMI, a acquis sa renommée internationale à la faveur de la crise.