Les Soudanais du Sud fêtent leur Indépendance le projet de Constitution intérimaire sème la controverse. Alors qu'une importante délégation formée de chefs de la diplomatie de plusieurs pays occidentaux, le président soudanais Omar El-Béchir a déclaré hier qu'il comptait se rendre aujourd'hui à la cérémonie officielle de l'indépendance du Sud-Soudan. Cette cérémonie regroupera donc, les dompteurs du droit international à un fugitif accusé des pires crimes contre l'humanité. Le président El-Béchir est sous le coup d'un mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale pour crimes de guerre et contre l'humanité au Darfour. «La question était très claire: fallait-il y aller ou ne pas y aller? Ce n'est pas parce que Béchir est présent qu'il faut renoncer à manifester notre soutien» à la création d'un nouveau pays, a souligné Alain Juppé, lors d'une conférence de presse. Le chef de la diplomatie française, a annoncé jeudi qu'il représentera la France aux cérémonies d'indépendance du Sud-Soudan où, a-t-il précisé, il essaiera d'éviter le président soudanais Omar El Béchir, recherché par la CPI pour génocide. Selon des sources officielles, seront présents à cette cérémonie, Ban Ki-moon (secrétaire général de l'ONU), William Hague (chef de la diplomatie britannique), Cathy Ashton (chef de la diplomatie européenne) et beaucoup de chefs d'Etat et de gouvernement. «C'est pour nous une façon de bien marquer que la démocratie en Afrique comme ailleurs, au Proche-Orient, est la ligne conductrice de la politique étrangère de la France», a précisé M.Juppé. L'arrestation d'El Béchir dépend de la bonne volonté des Etats qui n'ont l'obligation de l'arrêter que s'il transite par leur territoire. Le président du Sud-Soudan, Salva Kiir, doit aujourd'hui signer la Constitution lors de la cérémonie officielle de l'indépendance. Alors que le Parlement sud-soudanais a ratifié jeudi la Constitution intérimaire de ce futur Etat indépendant, a déclaré le ministre de l'Information, Barnaba Marial Benjamin, affirmant que cette Constitution ne concentrait pas le pouvoir entre les mains du président. Il a aussi affirmé que la population du Sud-Soudan a été consultée sur cette Constitution intérimaire et rejeté les accusations selon lesquelles elle concentrait le pouvoir entre les mains du président. A la veille de l'indépendance officielle du Sud-Soudan, prévue aujourd'hui, 9 juillet, le projet de Constitution intérimaire sème la controverse. Certains critiques estimant que les représentants de la société civile n'ont pas été associés au processus de consultation. Des ONG ont d'ailleurs mis en garde contre le contenu de la Constitution, qui pourrait, selon elles, aboutir à la domination du Mouvement populaire de libération du Soudan (Splm, ex-rebelles sudistes), au pouvoir au Sud-Soudan. Quant aux discussions sur les questions restées en suspens entre le Nord et le Sud-Soudan, elles seront examinées après la proclamation d'indépendance du Sud, a indiqué jeudi un représentant de l'Union africaine (UA). Les négociations au sein de l'UA, qui ont débuté à Addis Abeba, reprendront le 13 juillet, a déclaré un représentant de l'UA sous couvert de l'anonymat. Khartoum et les représentants du Mouvement populaire de libération du Soudan (Splm) ont entamé des pourparlers dans la capitale éthiopienne pour mettre à plat les sujets de discorde avant l'indépendance du Sud-Soudan. Les principaux points de discorde concernent les régions disputées d'Abyei et du Sud-Kordofan, où des violences ont récemment éclaté. Plus de 2 360 personnes, dont 500 pour le seul mois de juin, ont été tuées depuis le début de l'année dans le Sud-Soudan, qui deviendra aujourd'hui la plus jeune nation au monde, a affirmé l'ONU hier. Un chef historique de la rébellion du Darfour, Abdelwahid Mohammed Nour, a, de son côté, promis hier de renverser le régime islamique à Khartoum et le remplacer par un Etat laïque «semblable au Sud-Soudan.». C'est notre mission (...) de changer ce régime islamique fondamentaliste. «La guerre ne sera pas au Darfour, mais à Khartoum», a-t-il indiqué.