Cheikh El Hasnaoui a été ressuscité par la troupe du théâtre de Grabuge de Lyon (France). L'occasion a été grande au public de Tizi Ouzou de découvrir un spectacle inédit dans la région. Ni pièce de théâtre ni spectacle de chant mais les deux à la fois. Raconter l'exil dur et douloureux sur fond des chansons pathétiques de Cheikh El Hasnaoui, tel est l'objectif de ce spectacle magistral qui a ravi l'ensemble du public dont une partie a été vraiment touchée par certaines séquences car il n'y a pratiquement aucune famille qui n'a pas l'un des siens à l'étranger. Plusieurs narrateurs se succèdent à la tribune pour égrener avec des mots et des phrases qui rappellent Mouloud Feraoun. Chacun dit à sa manière sa déchirure en quittant son village en quête de rêves ou d'illusions dans des cieux réputés, à raison ou à tort, comme étant des paradis sur terre. Chaque intervention est entrecoupée par la voix exquise de Salah Gaoua qui a le génie de reprendre les plus belles mélodies de Cheikh El Hasnaoui mais aussi celles de Slimane Azem, Cheikh Arav Vouyezgarene et Hanifa. Salah, en vrai virtuose est accompagné par une chorale féminine d'une quinzaine d'éléments qui a repris en choeur Ayema (Cheikh Arav Vouyezgaren), Maison Blanche (El Hasnaoui), Ayaqchich (Hanifa), Arwah arwah, Ya noudjoum elil (El Hasnaoui), Amouh amouh et la résidence (Slimane Azem). «Les chansons sont tirées des répertoires de Slimane Azem, Cheikh El Hasnaoui, Cheikh Arav Vouyezgaren et Hanifa, poètes populaires qui exprimèrent les joies, les peines de leur communauté face aux bouleversements de ce qu'on nomme «el ghorva», c'est-à-dire le sentiment de l'exil», souligne le responsable de la troupe. Le même spectacle a été présenté la veille au Théâtre régional de Béjaïa et devait être joué le lendemain au Centre culturel français d'Alger.