En attendant les hommages qui jalonneront tout le mois d'avril, l'établissement arts et culture de la wilaya d'Alger a concocté ce week-end un petit ren dez-vous artistique avec une panoplie d'artistes qui ont raconté le grand et le prodige, Cheikh El Hasnaoui. Un hommage posthume lui a été donc rendu au théâtre de verdure, sans pour autant qu'il y ait une commémoration d'un anniversaire quelconque. Juste une rencontre autour de celui qui a “ déconstruit ” si génialement le mode “chaâbi” pour mieux le façonner de ses récits trop réels. Le chef d'orchestre si l'on ose le terme de ce rendez-vous lyrique est l'un des inconditionnels du cheikh : le chanteur Hassan Ahrass qui ne rate à aucun moment ces cérémonies élogieuses à l'égard de quelques noms kabyles vivants ou disparus soient-il. Aux côtés de ce chanteur des passions déçues, -Hassan Ahras-, il y avait quelques nouveaux comme Rachid Zadek, Hakim Tidaf et Karim Becha, trois chanteurs kabyles, qui ont animé un spectacle où l'âme du poète voltigeait entre les sons et les youyous des femmes venues nombreuses à l'espace El Anka au théâtre de Verdure. Plus d'une heure de récital et presque autant d'applaudissements de la part d'un public dont l'oreille s'est habituée à écouter cérémonieusement quelques titres du géant de la chanson algérienne, Cheikh El Hasnaoui. Du côté du public il y avait aussi quelques têtes connues des arènes artistiques algériennes telles Abdelkader Chercham, Sid Ali Driss, Naceredine Galiz, Acher Madjid, Medjahed Hamid, Réda Doumaz, Nacer Mokdad, Djamel Ziani, Djamila, Amina Belouizdad…Le spectacle a été précédé par un récital poétique dédié à l'auteur de La maison Blanche “Cheikh El Hasnaoui a toujours su trouver les justes mots pour s'exprimer. Il a partagé sa solitude avec les étoiles dans Ya noujoum elil, il s'est demandé où le mèneraient ses pas dans Sani Sani, il a maudit l'exil dans L'ghorva et pleuré son amour Fadhma, a clamé un animateur de la radio El Bahdja. L'arrière petit fils du cheikh El-Hassnaoui, le comédien Arezki Siwani, a reconnu que c'était une grande fierté pour lui de se compter parmi les descendants de cheikh El Hasnaoui. “J'aurais aimé que d'autres proches et amis de mon arrière grand-père puissent être présents à cette rencontre et apporter leur témoignage”, ajoute-t-il avant d'interpréter un morceau de son aïeul Adhrouhagh (je partirai). Le président de la fondation Casbah, Ali Mebtouche, a rappelé, quant à lui, avoir baptisé au mois de mai dernier, le nouveau théâtre de l'île de la réunion du nom de cheikh El Hasnaoui, inauguré par Mohamed Lamari. Cheikh El Hasnaoui, Mohamed Khelouati pour l'état civil, est un artiste atypique. Né en 1910 au village Tadart Tamuqrant, situé au sud de la ville de Tizi Ouzou, El Hasnaoui s'est savamment donné un pseudonyme artistique pour “ traîner ” le nom de son village, “ Ihasnaouen ” dont la terre fut généreuse. Orphelin de mère à l'âge de 2 ans, il n'a cessé à travers ses textes de retrouver cette chaleur maternelle dans les appels incessants, parfois déçus parfois fantasmés dans Fadhma, Zahiya, Madjitiniche !A 14 ans, le jeune El Hasnaoui fréquenta le Timaàmrin, une école coranique. Le chanteur qui maîtrise parfaitement et l'arabe dialectal et le tamazight est d'une simplicité déconcertante. Son style qui est sobre et profond, illustre non pas la misère mais la recherche perpétuelle d'une terre mythique qui pourrait être sa mère ou sa mère patrie qu'il a quittée et qui l'a quittée.