L'élection de 2004 risque d'échapper totalement aux prévisions des «manoeuvriers» politiques. Le nouveau responsable autoproclamé de la structure après le congrès du FIS à Bruxelles, le djazâriste Mourad D'hina, s'est exprimé sur la présidentielle de 2004, qui semble focaliser l'attention de la classe politique en Algérie. «Il est encore trop tôt pour définir le profil du candidat qu'on va soutenir, cela d'ailleurs n'est pas dans nos priorités», a-t-il dit. D'hina, qui peut, à partir de son exil helvétique, s'exprimer plus aisément que les deux leaders du parti dissous, soumis à des restrictions draconiennes, reconnaît que pour le moment, la priorité est de rendre leur totale liberté à ceux-ci et de replacer le parti dissous sur la scène politique légale. Poussant plus loin, il estime que pour parvenir à une réelle démocratie et à un scrutin politique juste, il faut que l'armée regagne les casernes et arrête de porter les candidats à la présidence. Le trublion islamiste de Genève a déjà parlé, il y a quelques mois, de l'intention des islamistes de l'ex-FIS de replacer le parti sur la scène «pour peu que l'occasion se présente». Tout comme il a nié toute connexion entre les groupes armés encore en activité et le FIS. Thèse largement discréditée par ses implications dans le trafic d'armes en faveur du GIA à partir de 1993 et son interpellation par la police belge pour ce chef d'inculpation. Depuis une année, D'hina tente de se replacer à la tête du parti dissous, en profitant des libertés que lui permettent les pays de l'Union. Lors d'un minicongrès clandestin organisé à Bruxelles, il a pu se faire élire président de la nouvelle instance exécutive du FIS à l'étranger grâce au soutien de ses amis Fillali et Habès et de, faire faire voter en éclats la structure de Rabah Kebir, président de la délégation exécutive du parti, depuis 1992. Soumis à un tir croisé de la part du «groupe d'Alger» (Djeddi, Guermazi, etc.), celui de Kebir (Ould Adda, Boukhamkham et l'AIS) ainsi que de la base islamiste pure et dure qui voit dans cet ingénieur de 42 ans un «Rastignac de l'islamisme» et une «autre tentative de placer la tendance djazâriste à la tête du parti», D'hina a été sauvé par Abassi Madani, qui, seul, a soutenu son initiative bruxelloise. La sortie de prison de Benhadj lui a surtout évité d'être éliminé de la carte des leaders du parti. Le communiqué cosigné par les «frères ennemis» (Kebir, Boukh-amkham, Djeddi, Guemazi, D'hina, etc.) lui a permis de s'accrocher. Toutefois, à la faveur des restrictions imposées à Benhadj, il semble bien que D'hina ait reçu des directives pour s'exprimer au nom du parti. A partir de l'Europe, via le site du parti et la presse européenne, il peut lancer tous les messages imaginables. Tout cela, dans le black-out médiatique et politique le plus total imposé aux leaders d'un parti, dont les manoeuvres politiques mettent encore les autorités dans l'embarras.