Le mouvement est actuellement en phase de mettre en avant l'explicitation. Le mouvement citoyen est en butte actuellement à la problématique du caractère scellé et non négociable de la plate-forme d'El-Kseur. En effet, cette expression est tellement revenue dans les propos des animateurs que l'opinion n'arrive pas à imaginer l'établissement d'un dialogue entre le pouvoir et les ârchs. Hakim Kacimi, lui, lorsqu'il parle de cette même plate-forme, ne s'arrête pas à la formulation «scellée et non négociable», mais insiste aussi sur le principe de l'explicitation. Selon notre invité, le mouvement est actuellement en phase de mettre en avant ce concept et l'expliquer aux citoyens. Mais avant d'en arriver là, il est intéressant de revenir sur les différentes étapes qui ont conduit le mouvement citoyen à sceller, puis à refuser, toute négociation, avant d'opter pour l'explicitation de la plate-forme. Hakim Kacimi révèle qu'après l'élaboration de la plate-forme, «il y a eu des tentatives partisanes visant à y inscrire des revendications propres aux formations politique». Il citera, à titre d'exemple, des propositions allant dans le sens de «l'abolition du code de la famille ou de la levée de l'état d'urgence». Aussi, pour éviter une récupération partisane des revendications citoyennes, les animateurs du mouvement ont décidé, lors du conclave interwilayas de M'chedallah de sceller la plate-forme d'El-Kseur, aux fins de fermer la porte devant les tentatives d'y injecter des préoccupations qui n'ont pas été débattues à la base, mais dans les réunions d'états-majors de parti. Cette étape, soutient notre interlocuteur, «est d'une importance capitale, au sens qu'elle a donné forme à des revendications légitimes de la société, éloigné toute velléité de parasitage de la part des formations politiques et mis le pouvoir devant ces responsabilités, à savoir satisfaire ces revendications de manière pleine et entière». Mais «cette victoire», pour autant qu'elle a soudé le mouvement citoyen, n'en a pas moins donné une impression d'enfermement des ârchs dans une logique jusqu'au-boutiste. Et c'est là qu'intervient l'explicitation de la plate-forme, réalisée dans un document établi lors du conclave de Larbaâ Nath Irathen. Notre interlocuteur insiste sur ce point précisément pour affirmer la volonté de la part du mouvement de dialoguer avec le pouvoir. «Dans l'explicitation, il est clair que tous les points seront débattus un à un entre les deux parties. Nous ne disons pas que tous les points figurant sur la plate-forme doivent être satisfaits maintenant et tout de suite», souligne Kacimi qui reconnaît la nécessité d'un temps «T» en ce qui concerne certaines revendications qui appellent la promulgation de textes législatifs. «Je prends l'exemple du point 11 de la plate-forme qui évoque la mise de tous les services de sécurité sous l'autorité du maire. Cela ne peut se faire du jour au lendemain. Il faut discuter ce principe et aller vers une application graduelle de sorte à aboutir à une formule qui garantisse l'Etat de droit en Algérie, dans son acception la plus complète.» En d'autres termes, les ârchs n'ont pas fermé la porte du dialogue, bien au contraire. Ils ont tout simplement empêché les partis de récupérer le mouvement citoyen et offert une porte de sortie à travers l'explicitation. Au pouvoir de saisir la perche.