Les hostilités, longtemps retardées, ont définitivement été ouvertes hier. La guerre, désormais, se déroule à couteaux tirés au sein des instances dirigeantes du MSP, et même en dehors de celles-ci. Comme en témoignent les deux communiqués rendus publics simultanément hier par des instances locales au parti. La crise menace aussi de s'étendre si aucun compromis et si une aile ne l'emporte pas sur l'autre avant la date du congrès, attendu les 5, 6 et 7 août prochain. Globalement parlant, le parti du défunt Mahfoud Nahnah est traversé par deux courants principaux, l'un moderniste, proche de son ancien président, et l'autre conservateur, gardant beaucoup de nostalgie du temps où l'ex-Hamas était proche de l'islamisme intégriste et du mouvement international des Frères musulmans. Les représentants d'une aile pure et dure, qualifiée de conservatrice par les observateurs, désirant se retirer du gouvernement et rattraper le temps perdu en même temps que pas mal de militants et de sympathisants. Elle est représentée, notamment, par le président du groupe parlementaire, Abderrezak Mokri, un parfait bilingue et un excellent tribun ainsi que par Bouguerra Soltani, membre influent du majliss echoura, un des théoriciens du parti, auteur de plusieurs livres. C'est ce courant, croit-on savoir, qui serait, le premier, passé à l'offensive. L'aile qui lui fait face, que l'on peut qualifier de moderniste, détentrice de la ligne de Mahfoud Nahnah, est favorable à une ligne assez souple vis-à-vis du pouvoir avec une participation de plus en plus importante au sein des instances. Les partisans de ce courant refusent toutefois le qualificatif d'entrisme puisque la politique, estiment-ils, est avant tout l'art des possibles et des compromis heureux. Cette ligne est représentée, notamment, par Amar Ghoul, donné favori par de nombreux observateurs pour la succession du cheikh. Né le 21 mai 1961 à Abadia, dans la région de Aïn Defla, ce jeune universitaire, diplômé des plus grandes universités françaises, docteur en génie nucléaire, est également un orateur hors pair. Il totalise un parcours politique imposant pour son jeune âge et représente, à ce titre, l'exemple même de la jeunesse qui réussit lorsque la chance lui est donnée. Les deux courants, qui s'affrontent pratiquement à couteaux tirés, mesurent parfaitement les enjeux en cours. Aussi bien Ghoul que Bouguerra gardent en ligne de mire la perspective présidentielle et tous les dividendes pouvant en être tirés. Les jeux sont loin d'être faits. Tous les scénarios demeurent permis pour le moment. L'affaire est à suivre de près...