Résultat de l'amélioration de son image extérieure, l'Algérie est sollicitée de toutes parts. Pour la première fois de leurs fluctuantes et tumultueuses relations post-indépendance algérienne, un Conseil des ministres français spécialement consacré à la coopération algéro-française va se tenir cette semaine à Paris. Il sera présidé par le chef de l'Etat français, M.Jacques Chirac, en présence des principaux ministres concernés ou impliqués dans le dossier Algérie et de leur chef, le Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin. De sources proches de la présidence française, on laisse entendre qu'à l'issue de la réunion de ce cabinet restreint, plusieurs mesures destinées à amplifier davantage les rapports bilatéraux entre les deux pays seront annoncées. Et comme une bonne nouvelle est souvent accompagnée d'un extra inattendu, voici le sous-secrétaire d'Etat américain, M.Richard Armitage qui vient d'affirmer, à la faveur de la cérémonie officielle de prestation de serment du nouvel ambassadeur américain à Alger, M.Richard Erdman, que l'Algérie est dans une «position imprenable pour jouer un rôle de leadership au XXIe siècle». Relevant que notre pays «continue d'être un acteur important dans la guerre mondiale contre le terrorisme en aidant à casser le réseau terroriste d'Al-Qaîda et en promouvant une coopération internationale améliorée, en particulier en accueillant une conférence antiterrorisme de l'Union africaine l'année dernière». Le responsable américain n'a pas manqué de rappeler que le Président Bouteflika a été l'un des premiers dirigeants arabes à condamner les attaques du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis. Durant la cérémonie qui s'est déroulée dans la salle des galas du Département d'Etat à Washington, il a aussi précisé le futur programme politique que les USA réservent à leurs relations avec Alger, en réitérant que ce qu'il a appelé «l'engagement avec une Algérie stable, où règne la sécurité et en voie de démocratisation revêt une importance pour les Etats-Unis». Classée par ces derniers comme «Etat-pivot» dans leur stratégie géopolitique mondiale, M.Armitage ne s'est pas fait prier pour révéler à l'assistance que son pays «considère l'Algérie (comme) un candidat particulièrement qualifié pour la nouvelle initiative (américaine) de partenariat avec le Moyen-Orient qui englobe un programme de coopération en matière de réforme de l'économie, de l'enseignement ainsi que de développement de la société civile». Cet intérêt pour l'Algérie de deux capitales, Paris et Washington, qui comptent parmi les plus influentes sur l'arène mondiale, est loin d'être fortuit ou gratuit. En effet, dans la nouvelle configuration des relations internationales qui s'élaborent pour le XXIe siècle, les grandes puissances essaient de mettre de leurs côtés tous les atouts pour être compétitives, crédibles et influentes sur tous les plans. Tissant les alliances appropriées, entretenant les rapports de coopération adéquats même avec les pays qui ne semblent pas avoir a priori une envergure planétaire, ces grands Etats ne font en fait que prévaloir leurs intérêts nationaux propres. Certaines mauvaises langues diront que dans ces grandes manoeuvres entre grandes puissances, l'Algérie n'est que l'objet d'une lutte d'influence dont elle maîtrise que peu ou prou les mécanismes et les enjeux. Ils oublient en fait que de par sa position stratégique, ses positions et entrées diplomatiques en Afrique et dans le monde arabe, ses ressources naturelles, ses potentialités humaines et surtout sa désormais longue expérience dans la lutte contre le terrorisme, notre pays a pas mal de cartes maîtresses à faire valoir pour promouvoir et préserver ses intérêts nationaux. Autrement dit, à l'ère d'une mondialisation rampante qui ne laisse aucun répit aux pays qui n'arrivent pas à suivre son rythme effréné, seul le réalisme peut la tirer d'affaire. Cela semble être l'option de l'Algérie.