Tout porte à croire que la sortie du ministre de l'Intérieur à partir de Constantine a fini de mettre le feu aux poudres. Pour le FLN, désormais, c'est le temps des grandes manoeuvres. Le redéploiement des troupes s'opère tous azimuts alors que le complot visant son autonomie et son secrétaire général prend des allures de plus en plus hallucinantes depuis l'entrée en scène officielle de Zerhouni admettant pour la première fois, avoir partie liée dans cette affaire. Les propos de Constantine n'ont certes pas laissé insensible la direction nationale du FLN. Son bureau politique, réuni hier en session ordinaire, a rendu public un véritable brûlot contre le ministre de l'Intérieur par rapport à la gravité des propos par lui tenus il y a de cela 48 heures. «Le bureau politique (...) a considéré la déclaration de M.le ministre d'Etat, ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, à certains organes de presse nationaux, le 14 juillet 2003 à Constantine, comme un encouragement et un acte de promotion des actes et des comportements des individus qui tentent, en vain, de porter atteinte à la stabilité du parti du Front de libération nationale». Le communiqué ajoute que la sortie de Zerhouni, déjà jugée scandaleuse par un membre de la direction de ce parti, «traduit l'intention de certaines sphères de l'administration d'entraver la pratique démocratique dans notre pays, de porter atteinte au droit à l'exercice de l'activité politique, et de fausser les conditions d'une compétition politique saine et loyale». En clair, la direction nationale flaire le risque de «fraude» et de «parti pris» de l'administration lors des futures échéances électorales, plus spécialement la future présidentielle. M.Dahdouh, dans le regroupement des 57 responsables de kasma d'Alger, a donné le ton, alors que Ali Benflis devrait finir d'enfoncer le clou, aujourd'hui à Blida, lors d'un meeting populaire qui devrait finir de prouver que la base militante de ce parti est définitivement et résolument engagée derrière son secrétaire général, légitiment élu lors d'un congrès sans tache. Le bureau politique, pour sa part, pousse l'analyse encore plus loin en estimant que «ladite déclaration (est assimilée à) un précédent grave en ce qu'elle constitue une immixtion dans le fonctionnement interne d'un parti politique au mépris du libre- exercice de l'activité partisane consacré par la Constitution». La sortie constantinoise de Zerhouni, selon le même communiqué, «est en violation des dispositions explicites de la loi régissant les partis politiques». Ainsi, Zerhouni est-il accusé de vouloir «entraver la marche du Parti du front de libération nationale qui prépare, en toute transparence et démocratie, les prochaines échéances électorales conformément à ce que lui dicte la volonté souveraine de ses militants». Mais, plus résolu que jamais, le FLN a eu tout le loisir de mesurer l'inconséquence des attaques menées contre ses structures ainsi que les faiblesses politiques et juridiques développées aussi bien par les anciens militants de ce parti, actuellement hostiles à Benflis, que par Zerhouni lui-même. Le communiqué du bureau Politique met en avant «la ferme détermination du FLN, militants et direction politique, à mettre en oeuvre tous les moyens à même de faire face à ces dérapages et à les contrecarrer». Le communiqué de la direction politique du parti est également revenu sur le lâche assassinat par les terroristes de l'un de ses députés, Rabah Radja, dans un faux barrage à Tizi Ouzou, pour qualifier le terrorisme de «traître» et de «barbare». Sur le plan organique, ce n'est pas sans satisfaction que la direction nationale du parti a enregistré la mise en application «au pas de charge» de l'ensemble des résolutions et décisions adoptées lors du 8e congrès du FLN. Le FLN, dans sa contre-offensive, privilégie le travail de proximité. C'est ainsi que des cycles de formation et de suivi des élus locaux se poursuivront tout au long de l'été au niveau de l'ensemble des régions du pays. Cela, au moment où les cadres nationaux du FLN dont Benflis lui-même, iront vers la base de toutes les wilayas du pays dans le but de resserrer les rangs et d'expliquer à tous les objectifs et défis que vient de se fixer la première formation politique du pays. Celle-ci, enfin, a résolu de tenir une réunion de son comité central. La date n'a pas encore été fixée. C'est cette réunion, faut-il le souligner, qui statuera sur la date du congrès extraordinaire à l'issue duquel la candidature de Ali Benflis à la future présidentielle sera officiellement annoncée.