Les incidents survenus à l'Ouest du pays et la sortie du nouveau secrétaire général du parti sonnent comme un avertissement. Tirant, apparemment, les leçons des graves incidents qui ont opposé, jeudi, à Oran, des militants, antagonistes, du FLN, le secrétaire général du FLN, Ali Benflis, est sorti de son mutisme pour appeler ses troupes à la retenue. Pressentant les dérives pouvant survenir lors de la contremarche prévue le 14 août, en réponse à celle annoncée par un énigmatique «Parti de l'administration», il a appelé les mouhafadate à surseoir à la manifestation. Sur la lancée, il a tenu à mettre le ministre de l'Intérieur face à ses responsabilités en lui demandant d'interdire l'intrusion, sur la voie publique, de cette organisation qui entend crier son soutien au Président Bouteflika. Les incidents survenus à l'Ouest du pays et la sortie du nouveau secrétaire général du FLN sonnent comme un avertissement devant les graves débordements qui pourraient advenir, si les incidents entre les sympathisants déclarés des deux hommes, candidats potentiels à la présidence de la République, prennent de l'ampleur. Il semble, en effet, que la violence, au sein de ces mouvances antagonistes, soit en train d'aller crescendo, au fur et à mesure, que se profile l'échéance de la prochaine présidentielle ou l'un et l'autre clan, souhaitent voir leur poulain l'emporter sur son rival. Intervenant peu de temps, après les malheureuses échauffourées qui ont éclaté, il y a quelques semaines, pour la maîtrise des permanences régionales du FLN, qui ont vu s'affronter des militants issus d'un même parti, ce nouvel épisode semble annoncer des lendemains d'incertitude dans un pays en proie à toutes les violences. Il n'est pas exagéré, cependant, d'affirmer que le ministre de l'Intérieur, dont on ne peut dire qu'il a fait preuve de neutralité dans la lutte opposant les pro et les anti-Bouteflika ou Benflis, (c'est selon), pour le leadership du FLN, porte d'emblée, une grande responsabilité dans la naissance de cette tension politique. On se souvient, en effet, que c'est la décision de M.Zerhouni de vouloir, coûte que coûte, invalider les résultats du 8e Congrès du FLN, qui a fait se multiplier les incidents, observés à ce jour, dans la capitale et dans diverses régions du pays. Lors de sa sortie avec le Président Bouteflika, à Constantine, le ministre de l'Intérieur a jeté un pavé dans la mare quand il a annoncé que les services du ministère de l'Intérieur n'ont toujours pas validé le 8e Congrès. A propos des attaques dont certaines permanences du FLN avaient été l'objet les jours précédents, il a ajouté que «les services de police n'avaient pas à intervenir puisqu'il s'agit d'une affaire interne au parti, menée par des militants contre d'autres militants». Cette «sortie» intempestive de M.Zerhouni n'a pas été au goût des membres de la nouvelle direction nationale du parti qui l'ont qualifiée de complot et de «violation de la loi régissant les partis politiques». La position du ministre de l'Intérieur a été perçue comme une entrave à la marche du FLN «qui prépare en toute transparence et démocratie, la prochaine échéance électorale» dont M.Benflis, il faut le rappeler, est un candidat potentiel. Par ailleurs, il faut relever le jeu, extrêmement dangereux, de ceux qui, considérant avoir été, arbitrairement exclus des organes dirigeants du FLN, souhaiteraient voir se réunir un Congrès-bis. Une telle idée, si elle venait à voir le jour, ne manquerait pas, à coup sûr, de mettre en danger la pérennité d'un parti dont les caciques ont, durant plusieurs décennies, dirigé le pays d'une main de fer, l'amenant dans la situation de crise aiguë ou il se trouve présentement. Face à ces luttes où les antagonistes utilisent des moyens peu orthodoxes pour parvenir à leurs fins, les Algériens se contentent d'observer et de compter les coups tout en espérant que, face à la montée des nouveaux périls qui s'annoncent dans la maison Algérie, le bon sens et la retenue finiront par avoir raison des partis pris et des passions.