Face à un marché des produits agricoles en grande partie entre les mains de l'informel, l'Etat se prépare «comme il peut» pour le Ramadhan. L'informel et la spéculation s'avèrent à chaque fois plus coriaces que les mesures énoncées souvent de manière timide par le gouvernement. Dans cette lutte, l'Office national des légumes et des viandes (Onilev) tente une série de mesures pour préserver le consommateur. Cet organisme se donne comme mission d'intervenir dans la promotion, le développement et la régulation de huit produits stratégiques dont la pomme de terre et les viandes rouges et blanches. Sa principale mission est de veiller à ce que des produits agricoles de large consommation soient disponibles sur le marché à des prix abordables. Pour ce faire, l'Onilev agit directement sur toute la chaîne, de la production à la commercialisation des produits. Il convient de préciser à ce propos que son domaine de compétence concerne pour l'instant huit produits qui sont la pomme de terre, la tomate, l'ail, l'ognon, la datte, les agrumes et les viandes rouges et blanches. Jusque-là, l'Onilev intervient auprès des producteurs à travers l'organisation de chaque filière en comités interprofessionnels, tant à l'échelle nationale, que régionale et locale. L'une des interventions les plus remarquées, à ce propos, est la mise en place du système de régulation des produits agricoles de large consommation (Syrpalac). Le principe qui est de stocker les produits alimentaires pour éviter une chute importante des prix en cas de production, a été appliqué avec succès à la pomme de terre. Mais si pour la pomme de terre il y a eu des résultats palpables au bout de deux années, pourquoi trouve-t-on des difficultés monstres à généraliser ce système à d'autres produits? L'Onilev est en cours de structuration des filières dont il a la charge. Des comités nationaux de la pomme de terre, de la tomate, de la datte, des produits avicoles sont installés. Pour ce qui concerne l'ail et l'ognon, «nous envisageons éventuellement de les intégrer dans le comité national de la pomme de terre, puisqu'ils appartiennent à la même famille des produits maraîchers et sont soumis au même process de production et de mesures phytosanitaires», précise M. Lakhdar Merrakchi, directeur général de l'Onilev. Maintenant, pour ce qui concerne le fonctionnement de l'interprofession, à l'Office national des légumes et des viandes, on souligne «un manque de tradition dans la concertation entre les différents acteurs d'une filière donnée. Le constat que nous faisons présentement tient dans le fait que chaque professionnel défend exclusivement sa chapelle et ignore encore les difficultés que peuvent rencontrer les autres membres de l'interprofession», note-t-on. Il y a donc un travail de pédagogie à mener auprès des producteurs, des transformateurs, des stockeurs, des fournisseurs d'intrants et de produits phytosanitaires. «Nous mettons l'accent sur la nécessité d'oeuvrer à la sauvegarde des intérêts de chaque intervenant dans la filière. Ce n'est pas encore automatique au sens où les réactions des uns et des autres ne sont pas totalement comme on l'aurait souhaité, mais il est entendu que le message passe bien puisqu'il est souvent illustré par des exemples concrets sur le terrain», a conclu notre interlocuteur. Jusque-là, le mois de Ramadhan n'a rien de spirituel car tout est histoire de sous. Au marché des fruits et légumes, les Algériens le savent. Ils l'ont toujours vécu, et savent qu'ils vont le vivre encore... leurs sous seront «hachés»!