Il existe, clairement, une disproportion entre la vocation d'une entreprise commerciale et les contraintes réglementaires, voire politiques qui l'entourent. Le P-DG de Naftal, M.Remini, invité du dernier -A coeur ouvert-, a, en parlant du milieu dans lequel évolue son entreprise, relevé plus d'un paradoxe. D'abord en situation dite «monopolistique de fait» dans un secteur commercial, théoriquement ouvert à la libre-concurrence, Naftal ne tire, cependant, pas de «gros avantages» de ceci. Les prix étant fixés par l'Etat, aussi bien pour les carburants que pour les bouteilles du gaz butane. Conséquence: les prix de revient de ces mêmes produits sont largement supérieurs au prix de commercialisation. Autrement dit, cette entreprise, filiale de la Sonatrach, vend...à perte. En outre, une bouteille de butane en arrivant dans une ville comme Tamanrasset, charrie avec elle des coûts de transport notamment. Il y a donc, clairement, disproportion entre la vocation d'une entreprise commerciale, censée dégager des gains sur ses propres activités, et les contraintes qui déterminent ses «frontières». Les activités de commercialisation, qui constituent 80% du chiffre d'affaires de l'entreprise, demeurent déficitaires, et ne sont financées que par les activités dites de «services», représentant les 20% restants du chiffre d'affaires de Naftal. Quel avenir attend Naftal dès lors que le secteur semble avoir été ouvert à la libre-concurrence et le libre-investissement, étranger notamment? D'autres difficultés ne sont pas à écarter...car Naftal en a connu de bien sérieuses. Quasiment -en situation de déséquilibre, voire de banqueroute, l'entreprise s'est redressée et s'est recapitalisée depuis ces deux dernières années- selon son P-DG. Mais, est-ce, pour autant, que Naftal a définitivement quitté la zone de turbulences? Pas certain ! Le transport reste coûteux et pèse sérieusement sur la structure des charges de l'entreprise, malgré le recours, de plus en plus important de Naftal, au privé. Au-delà de son coût, le transport n'est pas toujours efficient, pour des raisons aussi endogènes qu'exogènes. Les longues attentes et autres interminables bousculades à chaque hiver, à l'intérieur du pays, sont récurrentes et dramatiques. Que l'entreprise se redresse, après un passage difficile, c'est important. Mais que celle-ci perde de vue, trop longtemps, sa nature «commerciale», n'est pas chose à faire perdurer, au contraire. Revoir donc, intelligemment, les contraintes exogènes (réglementaires) est urgent. Néanmoins que cet «effort» pour lequel M.Remini nous invite, indirectement, ne soit pas que l'oeuvre des autres. Naftal devrait, elle aussi, y mettre du sien, loin de tout populisme et craintes. Il y va de sa viabilité, demain, à l'approche des rendez-vous internationaux de l'Algérie.