Le retour de la compagnie française Areva au Niger est un élément qui laisse supposer que la France va négocier la libération de ses otages en captivité. Le coordonnateur de la lutte contre le terrorisme au département d'Etat américain, Daniel Benjamin, a appelé le Conseil de sécurité de l'ONU à examiner de près la question du versement de rançons à l'organisation Al-Qaîda aux Maghreb islamique. Dans son intervention devant le comité contre le terrorisme du Conseil de sécurité de l'ONU, et tout en expliquant la stratégie de la lutte antiterroriste américaine du président Barack Obama, M. Benjamin soutient qu'«aucun groupe terroriste n'est aussi notoirement connu qu'Al Qaîda au Maghreb en matière d'enlèvements contre rançons qui sont devenus l'une des sources principales des revenus pour les groupes d'Al Qaîda». Et d'ajouter à ce sujet que «les Etats-Unis encouragent vivement le comité contre le terrorisme du Conseil de sécurité à se concentrer davantage sur cet aspect de la menace terroriste, qui s'étend au-delà d'Al Qaîda au Maghreb». Dans un contexte sécuritaire et économique tendu, marqué par une propagation dangereuse de l'extrémisme religieux et identitaire, une concurrence avérée américano-française en vue de s'imposer dans des territoires, aux intérêts majeurs comme au Sahel, la question de la lutte antiterroriste reprend les devants de la scène pour ainsi dire demeurer la préoccupation prioritaire des Américains. C'est dans ce contexte que ces derniers reviennent sur cette question relative au versement de rançon à Al Qaîda au Maghreb. Et le retour de la compagnie française Areva dans cette région est l'élément qui constitue, pour les USA, un facteur dont va user la France pour libérer ses quatre otages toujours en captivité entre les mains d'Al Qaîda. La réapparition des Français au Niger sous-entend forcément que des négociations avec la nébuleuse sont en cours et, à ne pas en douter, vont aboutir sur le versement d'une autre rançon au profit des terroristes. Les Etats-Unis d'Amérique ont toujours reproché aux Français le fait de répondre favorablement aux exigences de la nébuleuse en versant des rançons aux terroristes. M. Benjamin, interviendra également pour souligner que «l'importance est de situer les efforts américains contre le terrorisme dans un large cadre des politiques étrangère et sécuritaire, en prenant en considération les transformations qui se déroulent au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, dont le plein impact, y compris pour nos efforts contre le terrorisme, est en train de prendre forme». Il a estimé aussi que certains dangers ne peuvent en aucun cas être ignorés quant aux bouleversements au niveau du Proche-Orient et en Afrique du Nord. A ce propos, il revient sur la crise conflictuelle en Libye en exprimant sa préoccupation, sur le transit des terroristes à la faveur de l'insécurité en Libye mais aussi à cette grande circulation des armes. Dans ce sens M. Benjamin précise que ce lot d'armes était auparavant sous contrôle du gouvernement libyen. Il met en garde que «les groupes terroristes seront tentés d'exploiter la situation pour commettre des actes terroristes, les Etats-Unis savent que ces crises politiques à travers les pays de la région ont attiré l'attention d'Al Qaîda qui cherche à se positionner. Les conspirations terroristes pourraient avoir des implications perturbatrices significatives pour les Etats qui font face aux défis et à des transitions démocratiques difficiles.» En ce qui concerne toujours la situation en Libye, aggravée par une intervention militaire de l'Otan, les premières conséquences n'ont pas tardé à se faire sentir en Algérie. Ainsi à l'ombre de l'instabilité dans ce pays voisin, l'Algérie enregistre une recrudescence d'actes terroristes et un retour aux attentats kamikaze. Quoi qu'on soit loin du contexte du «tout-sécuritaire», cependant ce retour a suscité les craintes des forces dé sécurité. Ayant élevé le degré de la vigilance, les services de sécurité ont neutralisé à temps deux kamikazes lundi peu avant 20 heures dans la localité de Thénia, wilaya de Boumerdès. Ceux-là s'apprêtaient à commettre un double attentat contre des édifices des forces de sécurité. Un double attentat dans la même wilaya, avait abouti à un échec il y a quelques jours. C'est dire que le monde occidental n'a réagi aux avertissements de l'Algérie depuis le début de la crise qu'après l'irréparable. Ceci dit, les Américains n'affichent toujours pas clairement leur position par rapport à certaines situations. Ils s'alignent aux côtés de l'Algérie pour prévenir une montée du terrorisme dans la région nord-africaine, à l'ombre de la crise libyenne, ils reconnaissent l'existence d'armes lourdes dont des Sam7 russes et des Stingers américains entre les mains de la nébuleuse, mais reconnaissent-ils la légitimité du premier coupable qui est à l'origine de la prolifération des armes dans le Sahel?