La chorégraphe algérienne, installée en France, a présenté samedi au Mama un extrait de son futur spectacle qui sera joué en Algérie, au Festival d'Avignon en 2012, puis à l'occasion de «Marseille, capitale européenne de la culture 2013». Epouser le silence, puis l'animer pour en extraire le vide sidéral qui nous entoure et pénètre notre corps jusqu'à arriver au mental, subrepticement et n'en faire qu'un avec et enfin «maîtriser sa fragilité», tel est le propos de la danseuse contemporaine Nacéra Belaza qui se plait souvent grâce à la danse contemporaine qu'elle exerce à «dématérialiser ce corps», le rendre plus fluide pour faire parler son intériorité, un pan de sa «spiritualité». Cette dernière, révèle-t-elle, a toujours marqué son travail. «Projeter son imaginaire hors de son corps» serait, en effet, cette catharsis, coeur de la création si cher à Nacéra Belaza. Et se confondre avec l'univers compact et dense qui nous entoure. Une élévation vers le divin, le sacré? Ce qui n'est pas tout à fait faux! Le corps? «Un outil pour notre champ de réflexion sur la société et le rapport entre nous...», dit l'artiste qui rappelle qu'un seul mouvement peut impliquer plusieurs interprétations, ceci pour les hermétiques à la danse contemporaine. Une gageure somme toute bien ardue qu'elle tente maintenant, depuis des années à mettre en pratique en France où elle vit et depuis une dizaine d'année, mais aussi en Algérie grâce à un va-et-vient continu entre la France et son pays d'origine. Son but aujourd'hui? Lancer une compagnie de danse ici et former le maximum de danseurs. Un premier pas conclu puisque suite à un casting réalisé au mois de mai au TNA, elle a pu choisir quelques danseurs pour se produire avec elle prochainement dans le cadre de son nouveau spectacle dont elle a donné, samedi dernier, un bref aperçu au Mama. Un choix d'espace non fortuit, car il émane de sa recherche perpétuelle d'une idée de correspondance qui complète sa constante réflexion dans l'approfondissement de sa quête artistique. Pour présenter d'abord son travail, la chorégraphe a choisi de présenter une performance mobile composée de trois tableaux de danse contemporaine dont celui avec quatre danseurs tout vêtus de noir, comme elle. C'est ce dernier qui sera la clé de sa prochaine pièce chorégraphique qu'elle compte donner en collaboration avec le Mama, le TNA, le ministère de la Culture en Algérie et l'ambassade de France (Alger, Annaba etc.) d'abord, puis en France, au mois de juillet 2012 lors du célèbre Festival de danse et de théâtre d' Avignon, (l'une des plus importantes manifestations internationales du spectacle vivant contemporain) avant de suivre son cheminement international et coller, notamment à l'événement de «Marseille, capitale européenne de la culture 2013». S'agissant de l'extrait de sa nouvelle pièce où elle puise cette fois son inspiration du patrimoine immatériel telles les danses soufies et leur souffle spatio-temporel, faits de gestes redondants, nimbés de mysticisme accru, la chorégraphe confiera son influence par le groupe Ahl Ellil dont le spectacle l'avait marqué en 2003. Nacéra Belaza accompagnée de sa soeur Dalila, qui aura aussi une part (solo) dans ce nouveau spectacle, dira en préambule, que la danse contemporaine «est au-delà du divertissement, un appel à la réflexion intellectuelle tout en étant matière à interprétation». Le groupe composé de quatre danseurs évoluait parfois lentement, parfois frénétiquement, tout en se rapprochant ou en formant un cercle, laissant échapper par moments des râles salvateurs. Leurs pas de danse qui rappellent ceux de la transe par moment faisaient écho aux battements de coeur dont le rythme sonore pousse à l'oppression ou à la délivrance, c'est selon...Ces quatre danseurs donnaient le dos à des toiles de femmes voilées. Un contraste qui invoque une extrapolation sous-jacente d'idées, recherchée par l'artiste Nacéra en perpétuelle aiguisement de son art. Dans ce cadre, intégrer les tableaux comme décor dans la mise en scène chorégraphique, amène une nouvelle fois, un concept orignal qui fait sortir, la danse des sentiers battus, en amenant le conventionnel (el halqa) à épouser le moderne (la danse contemporaine) en insufflant à celle-ci un cachet tout à fait novateur. Aussi, la danse devient-elle par moment un apaisement, une force de sentiment réparateur contre le balancement de ce qui se joue de nous à l'extérieur. Par souci pragmatique, cette nouvelle pièce sera jouée ailleurs par d'autres danseurs, nous apprend-on. D'autres, qui évoluent sans doute en Europe et qui donneront la pleine mesure et réplique à son travail des plus singuliers, pourvu d'une écriture étonnement admirable. Pour en connaître davantage sur cette nouvelle pièce, Nacéra nous promet de revenir incessamment.