Des malades attendent pendant des mois avant d'être pris en charge ou de décrocher un rendez-vous pour un scanner ou une IRM, encore faut-il que cet appareil soit disponible. Au moment où la pénurie de certains médicaments défraie la chronique, le manque d'appareils et équipements médicaux dans certains de nos établissements hospitaliers passe inaperçu. Des malades attendent pendant des mois avant d'être pris en charge ou décrocher un rendez-vous pour un scanner ou une IRM, encore faut-il que cet appareil soit disponible. Certains usent de tous les moyens, allant jusqu'à supplier des proches qui exercent en milieu hospitalier ou encore offrent des pots-de-vin à des étrangers. On a même rencontré des malades cancéreux attendre un rendez-vous pour une simple radiothérapie depuis sept mois déjà. Même si l'Etat a fait feu de tout bois en matière d'achat de ce type de matériels et équipements, la situation demeure insoutenable. Constat confirmé par les praticiens de la santé publique. «Depuis 2008 à ce jour, des enveloppes énormes ont été dégagées pour l'acquisition de matériel médical mais cette opération s'est malheureusement faite dans un esprit de bazar», a souligné le Dr Lyès Merabet, président du Syndicat national des praticiens de santé Publique (Snpsp). Et d'ajouter: «En tant que praticien de santé publique, je n'ai pas de doute sur la rigueur des responsables chargés de l'homologation de chaque équipement médical acquis, mais le souci réside ailleurs. Les importateurs de ce type d'équipements sont de simples commerçants. N'ont aucune connaissance dans le domaine, ce qui les pousse à importer parfois du matériel bas de gamme, de marque inconnue. Après installation des machines, on est confrontés à un autre problème, celui du service après-vente qui n'est pas du tout assuré. Ajoutons à cela, l'absence de formation du personnel médical et paramédical chargé de la manipulation de ces appareils. Chose qui explique aujourd'hui, les pannes répétées de nos scanners et de nos appareils de radiothérapie. Ce sont -là des considérations qui nuisent au secteur et à la santé du citoyen sans parler de la répartition aléatoire de ces nouveaux appareils dans les établissements de santé», explique le Dr Merabet. Justement, l'importation de matériel médical est un commerce juteux, même si l'Etat a revu à la baisse la facture des importations de médicaments et équipements, la mauvaise gestion et distribution sont pointées du doigt. Pour ce qui est des malades atteints du cancer, les appareils de radiothérapie sont indispensables. Avec 30.000 nouveaux cas de cancer recensés chaque année en Algérie, les cinq centres anti-cancer opérationnels sur l'ensemble du territoire national et les huit machines de radiothérapie ne sont guère suffisants. Sur un autre plan, il faut dire que l'imagerie est un moyen incontournable de communication et d'enseignement pour les spécialistes non radiologues. La partie du dossier médical que le médecin utilise devant le chirurgien pour discuter qu'une indication opératoire est radiologique puisqu'elle exprime la représentation lésionnelle la plus précise, la plus persuasive et la plus communicative. L'imagerie qui nous apprend comment les tissus, organes ou systèmes sont atteints, fait aujourd'hui défaut, selon l'avis de plusieurs radiologues. Du côté des gestionnaires des hôpitaux, certains ont eu la chance d'acquérir des équipements de pointe pendant que d'autres se plaignent d'appareils radiologiques éternellement en panne. Des plus chanceux, le CHU Frantz-Fanon de Blida, l'un des plus grands hôpitaux du pays a acquis dernièrement du matériel médical de dernière génération. «Nous avons bénéficié d'un montant de 160 milliards de dinars pour l'exercice des trois dernières années et notre établissement est finalement doté d'un scanner et d'autres équipements indispensables pour une bonne prise en charge de nos malades. Des malades qui comme vous le savez, viennent des quatre coins du pays pour une consultation ou sont carrément évacués parce que dans leur wilaya de résidence, les moyens humains et matériels sont insuffisants», nous a expliqué M.Boudali, responsable des finances du CHU Frantz-Fanon de Blida. Entre l'absence d'équipement et de matériel efficace, les pénuries de médicaments ou encore un personnel médical et paramédical exigeant l'amélioration des conditions de travail, le malade ne sait plus à quel saint se vouer.