Le président du tribunal, Ahmed Refaât Finalement, le procès «à sensation» du président égyptien, Mohammed Hosni Moubarak, a bien eu lieu à la date prescrite du 3 août 2011. Après une longue hésitation des autorités sur le lieu de l'audience, c'est finalement la salle de conférences de l'Académie de police - connue avant la chute du rais sous le nom d'«Académie Moubarak» - qui a accueilli hier ce procès dit «du siècle». La première journée du procès de Mohammed Hosni Moubarak s'est terminée vers 14h, avec le renvoi à la date du 15 août de la prochaine audience. Le président du tribunal, Ahmed Refaât, a aussi décidé que l'ancien raïs sera hospitalisé au Caire. Les dizaines d'avocats, la presse et les familles des Egyptiens tués ou blessés pendant la révolution étaient regroupés à l'extérieur du tribunal improvisé. Situé au nord-est du Caire, le lieu est assez vaste pour accueillir 600 personnes. En plus du président déchu Hosni Moubarak, ses deux fils, Alaa et Gamal - qui se préparait, avant la révolution, à succéder à son père -, étaient eux aussi derrière les barreaux, pour être jugés, ainsi que l'ancien ministre de l'Intérieur Habib el-Adli et six de ses collaborateurs. Allongé sur une civière, peinant à s'exprimer, derrière les barreaux du box des accusés et vêtu de blanc (la tenue réglementaire des prévenus n'ayant pas encore été condamnés) Moubarak a pris la parole, pour nier les accusations portées contre lui. «Toutes ces accusations, je les nie complètement», a déclaré d'une voix rauque mais ferme M. Moubarak, en s'emparant du micro qui lui était tendu. Les lourdes et graves accusations tombent en cascade. Le procureur a estimé hier que l'ancien «raïs» avait «eu l'intention de tuer de nombreux manifestants dans plusieurs gouvernorats qui protestaient pacifiquement contre la détérioration de leurs conditions de vie». Il a accusé Moubarak d'avoir donné l'autorisation à l'ancien ministre de l'Intérieur, Habib al Adli, de tirer à balles réelles sur les manifestants. Hosni Moubarak est aussi accusé de détournements de fonds publics lors de l'acquisition de cinq villas à Charm el-Cheikh, et de corruption dans la négociation des contrats de vente de gaz à Israël. Moubarak, qui a été chassé du pouvoir par la rue le 11 février dernier après 29 ans de pouvoir sans partage, a également été inculpé pour corruption et dilapidation de fonds publics. Les autres prévenus sont, quant à eux, accusés d'avoir donné l'ordre à la police de tirer sur les manifestants lors du soulèvement de janvier. Un chef d'inculpation pour lequel ils risquent la peine de mort. Les accusés doivent répondre de détournement d'argent public et d'assassinat de manifestants anti-régime pendant la révolte. Près de 850 personnes ont été tuées pendant le soulèvement de janvier-février. «Toutes ces accusations, je les nie complètement», ont déclaré a leur tour chacun des fils Moubarak, qui risquent également la peine de mort. Premier dirigeant du Moyen-Orient à comparaître devant un juge depuis le début du «Printemps arabe», Moubarak a plaidé non coupable, hier, à l'ouverture de son procès historique pour meurtres et corruption. Le président du tribunal, Ahmed Refaât, a ordonné que l'ex-homme fort du pays soit, en attendant le 15 août, admis dans le Centre médical international, près du Caire, et donné son accord pour qu'un cancérologue le suive «à chaque fois qu'il en aura besoin», comme l'avait demandé la défense. Par ailleurs, l'ancien chef des services de renseignements Hussein Kamal al Dine Ibrahim Salem, actuellement en fuite, poursuivi pour les mêmes faits, sera jugé par contumace. Le procès pour meurtres de manifestants de l'ex-ministre de l'Intérieur Habib el-Adli et de six hauts responsables de la police a, pour sa part, été ajourné à aujourd'hui. L'audience s'est déroulée dans le calme, bien que les nombreux avocats présents aient réclamé avec insistance et parfois bruyamment la parole. Mais des heurts sporadiques entre pro et anti-Moubarak, qui se sont affrontés à coups de pierres, ont fait plusieurs blessés malgré la forte présence de la police et de l'armée.