C'est une ville frappée par le chômage, l'indigence et la précarité que le Président aura à convaincre. La capitale des Ouled Naïl sent, depuis hier, le parfum de la conquête politique et s'est inscrite, de fait, dans une perspective pré-électorale. Ville traditionnelle par excellence, Djelfa est acquise au FLN depuis que l'ancien Chef du gouvernement et secrétaire général du FLN y était venu séduire et convaincre les citoyens, il y a près de deux ans. Depuis, le vieux parti a emballé le coeur des jeunes. Voilà, donc, en substance, l'intérêt de la visite estivale du Président de la République. Et voilà aussi l'intérêt de savoir comment l'administration, dont le wali, saura ne pas être accusée de parti pris flagrant en faveur du Président. Déjà hier, lors d'un point de presse organisé au siège de la résidence de la wilaya, Mohamed Addou, le wali, a encensé en long et en large les efforts de l'Etat pour désenclaver la ville et promouvoir ses potentialités pour emmener la région vers un développement économique et social durable. Chiffres et exemples à l'appui, il a étayé ses thèses par de longues argumentations avec l'assentiment intéressé de quelques correspondants de presse. Pourtant, en déambulant dans la ville, on reste sidéré devant l'indigence qui frappe la région tout entière. Jugeons-en: la zone industrielle est «fermée» depuis près de cinq ans. Aucun investissement n'est venu rouvrir les portails des entreprises qui sont demeurées désespérément fermées depuis des années. Si vous vous y pavanez en étranger, vous serez vite rattrapé et entouré de jeunes, de et d'hommes qui vous demanderont l'aumône. En fait, la mendicité qui y règne est incommensurable et très difficilement descriptible. Ce n'est pas encore fini: vous êtes dans une wilaya où le chômage et la précarité ont atteint un seuil alarmant. Le taux de réussite au bac est des plus faibles au niveau national et le taux de pauvres est des plus élevés. Cet état de fait y a généré une corruption que tous les citoyens dénoncent. «Ici, tout, pratiquement tout, peut s'acheter: un poste de travail, une mutation, un permis de conduire...», nous dit, exaspéré, un élu de l'APC. Autre point alarmant: les fléaux qui se forment à la périphérie des villes. Les repères sociaux sautent et les valeurs morales volent en éclats. En fait, ce n'est pas tant ce constat amer qui dérange, mais l'optimisme affiché par les responsables, dès lors qu'ils font face aux médias. Ce qui fait que la population locale reste désarmée, désorientée et affligée entre une réalité sans grandes perspectives et des responsables locaux capables d'encenser l'enfer pour rester en place.