Mais qui sont donc ces «hors-la-loi» épouvantails utilisés excessivement par le régime de Damas? L'armée s'est déployée dans l'est du pays, alors que la communauté internationale continue d'appeler à la fin des violences. Ce n'est pas terminé. Les condamnations des pays occidentaux, contre le président Al Assad ne se sont pas faites en douceur. Sur ce point, Al Assad se défend et plaide sa cause. Le président syrien a affirmé hier que l'Etat avait «l'obligation» d'agir «face aux hors-la-loi» qu'il accuse de «terroriser la population». Selon l'agence officielle Sana. «Agir face aux hors-la-loi qui coupent les routes, ferment les villes et terrorisent la population est une obligation pour l'Etat qui doit défendre la sécurité et protéger la vie des citoyens», a déclaré M. Al Assad lors d'un entretien avec le ministre libanais des Affaires étrangères Adnane Mansour. Le chef de l'Etat syrien a, en outre, ajouté que la Syrie «avançait sur la voie des réformes». Toutefois la situation demeure confuse. Hier, vingt civils ont été tués et des dizaines d'autres blessés dans la ville de Deir Ezzor, une ville de l'est de la Syrie prise d'assaut par l'armée pour mater la révolte contre le régime. selon le président de la Ligue syrienne des droits de l'homme, Abdel Karim Rihaoui, «des forces armées et de la Sécurité ont ouvert le feu faisant au moins 20 morts et des dizaines de blessés» Ayant ignoré les mises en garde exprimées par nombre de pays, la Syrie a fini par heurter la sensibilité du pape, et l'ont poussé à sortir de son silence. Le pape Benoît XVI a ainsi lancé hier lors de l'Angelus «un appel pressant» aux autorités et à la population (syriennes) pour «répondre de manière adéquate aux aspirations légitimes des citoyens» en Syrie et «rétablir au plus vite la coexistence pacifique». Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon a toutefois exprimé samedi lors d'une conversation téléphonique avec le président syrien «sa profonde inquiétude et celle de la communauté internationale à propos de la violence croissante et du bilan des morts en Syrie ces derniers jours». M. Ban «a transmis au président syrien le message clair envoyé par le Conseil de sécurité et lui a demandé de mettre fin immédiatement à l'usage de la force militaire contre les civils», a indiqué le porte-parole de l'ONU, Martin Nesirky. Il a également a souligné que «pour que les réformes annoncées par Damas soient crédibles, l'usage de la force et les arrestations de masse devaient cesser immédiatement». Tout porte à croire qu'Al Assad a l'intention d'honorer ses engagements politiques. Reste à comprendre pourquoi l'armée continue-t-elle à tuer des civils? dans la perspective des changements envisagés, le Parlement syrien tenait hier une session pour approuver les réformes politiques annoncées par le gouvernement, au moment où l'armée s'est déployée dans l'est du pays, alors que la communauté internationale continue d'appeler à la fin des violences et la mise en oeuvre rapide de «réformes crédibles». Cette session a été convoquée mercredi par le président du Parlement, Mahmoud El-Abrach, selon l'agence Sana. Les réformes annoncées par le président Bachar Al Assad ces trois derniers mois, dont la loi sur les partis et la tenue d'élections générales, seront soumises au Conseil qui les soumettra à son tour aux comités spécialisés. Dans le cadre de la mise en oeuvre de ces réformes, la Syrie organisera avant la fin de l'année en cours des élections législatives. Le ministre syrien des Affaires étrangères, Walid El-Moallem, a promis un scrutin «libre et transparent représentant les aspirations du peuple syrien». Il a également souligné «l'attachement du pouvoir syrien à la poursuite du processus des réformes et l'application des mesures annoncées par le président Al Assad»,ainsi qu'à «la sécurité et à la stabilité du pays» en poursuivant sur «la voie de la démocratie et du développement». Entre-temps, sur la scène internationale, ce genre d'initiative ne semble pas convaincre les partisans de la «protection» des peuples qui soutiennent une cause bien précise. La Turquie va d'ailleurs dépêcher demain son chef de la diplomatie Ahmet Davutoglu à Damas pour transmettre «avec détermination» au régime de Damas les «messages» d'Ankara indignée par la répression de la contestation populaire dans ce pays, a annoncé le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan.