L'artiste à la voix cristalline nous a fait voyager en reprenant ses belles ballades romantiques, mais aussi de jolis morceaux tirés du patrimoine arabe et occidental. Petite ambiance intime pour commencer. La soirée vient de débuter. Les cordes de sa guitare caressent nos sens nonchalamment. On n'est pas pressé. Seule au milieu de la scène, Samira Brahmia, qui ne tarde pas à être rejointe par ses fidèles musiciens, est contente de retrouver, de nouveau son public algérien et le salue tout doucement par une belle introduction musicale en anglais. Ce soir à Khaïmetkoum chez Djezzy, c'est plutôt le calme qui y règne. Un calme apaisant et régénérateur. La voix sublime et généreuse de Samira Brahmia est déclinée dans cette superbe chanson qu'elle «chopera» à Slimane Azem et déjà revisitée par Cheikh Sidi Bemol. L'artiste fait montre de son étendue vocale profonde également en invoquant Le Seigneur dans Oualaha ila lah avant de passer à son répertoire classique fait de ballades et d'émotion pure, notamment Crazy «pour les filles amoureuses» mais aussi son Fabuleux destin... un très beau morceau chanté en arabe qui narre le destin tragique d'une fille dont le frère, détourné du droit chemin durant la tragédie nationale et devenu intégriste, veut la marier de force. «Pendant mon adolescence, nous avons vécu ça. C'est pourquoi il ne faut jamais oublier les gens qui se sont sacrifiés pour que l'Algérie soit debout et qu'on puisse sortir le soir..», confie-elle à l'assistance. Et de reprendre une chanson célèbre du patrimoine arabe, Oua haramtou aalik nouassi interprétée presque comme une berceuse à faire chavirer une chandelle au milieu de cette ambiance ramadhanesque intimiste. Chanson de circonstance pour voir s'il y a encore du monde dans la salle... plutôt dans la kheïma, Samira entonne Is there somme one avant d'embrayer avec le tonitruant et volcanique Hmed Eljadarmi. Bien que le public n'ait pas tellement bronché de son pouf et pas dansé sur ce titre pourtant bien remuant, Samira Brahmia a, comme d'habitude mis le feu sur scène. Samira aime piocher dans les standards maghrébins et même ailleurs et là, elle nous ressort ce formidable titre de Youcef Boukella, Noudjoum safia. Titre qui vous fait assurément planer avant d'enchaîner avec Breakfast with a stanger dédié aux amoureux en exil ou séparés par la mer. Le jazz est cette musique qui vient de loin et vous transporte au firmament, surtout quand on a l'âme d'un artiste. Et Samira Brahmia, en vrai déesse du blues, pétillante avec son aura de tigresse, nous l'a prouvé à maintes reprises. L'artiste qui continue à explorer son univers, nous offre une belle surprise jazzy suivie d'une redécouverte magnifiée de Alger Alger de Lili Boniche, ce juif d' Algérie, des années 1950. La douceur et la mélancolie de ses chansons n'ont d'égal que son talent émérite et sa belle voix de velours. Saupoudré d'un soupçon de folie, c'est ce qui fait l'originalité et la particularité du répertoire bien éclectique de Samira Brahmia. Intro chaâbi, la voilà qui finit son tour de chant dans une ambiance survoltée en invitant le public à venir danser. «C'est compris dans le prix!», ironise-t-elle. Jdoudna pour terminer la soirée en beauté dans un rythme gnawi, bien cher à nos jeunes Algériens. Une soirée qui précédait celle de Gipsy Mundo Nuevo hier, la chanson et le groupe Essed aujourd'hui, et celle de Baâziz demain!