Le leader islamiste ne renoncera à ses droits que si «tous ceux qui se sont rendus responsables de cette crise se retirent en même temps». Le trublion Ali Benhadj n'en finira pas de sitôt de faire parler de lui. Au lendemain de sa convocation par les policiers, il a trouvé une «voie» unique en se servant de la voix de son frère pour s'exprimer sans déroger aux fameux dix commandements auxquels il est «momentanément» tenu de se conformer. C'est ainsi que le frère de Ali Benhadj, Abdelhamid, a rendu publique hier une très longue lettre. Soulignant au passage avoir voulu se consacrer à sa santé et à ses petites affaires, il se serait vu contraint de reprendre son bâton de pèlerin depuis que son frère, libéré, continue de subir moult «harcèlements» en plus des mesures «qui lui lient les mains et le bâillonnent». Suit une très longue tirade remplie de détails exclusifs sur le comportement de Ali Benhadj durant sa détention, mais aussi sur ce qui lui est arrivé depuis sa sortie de prison ainsi que ses intentions futures. On apprend, ainsi, que le numéro deux de l'ex-FIS projetait de présenter sa candidature à la prochaine présidentielle. Plus important encore, il devait le faire en tant que candidat indépendant. Cela peut prêter à penser que les rangs de l'ex-FIS sont par trop divisés, en plus du fait que Benhadj ne doit plus savoir quelle aile suivre ni à quel ancien responsable se vouer. Benhadj, toujours par la voix de son frère, ajoute avoir même préparé un programme étalé sur vingt chapitres, ajoutant ne vouloir prendre le pouvoir que «pour aider le pays à sortir de l'ornière» avant de se retirer, si l'on peut dire, sur la pointe des pieds. Sic. Autre détail trahissant clairement le fait que toutes ces pérégrinations visent à faire de Ali Benhadj un homme populaire et «original» en vue des futurs rendez-vous électoraux, Abdelhamid raconte, également, que son frère est retourné à Blida «chercher ses effets personnels et son dossier médical, refusant ostensiblement de parler aux gendarmes ailleurs que dans la rue, au vu et au su de tous les badauds». S'étant vu signifier son interdiction de remettre les pieds dans une zone militaire, Benhadj, aux dires de son frère, aurait «réitéré son refus des dix interdits qui le frappent, qualifiés de politiques et non pas juridiques». Quant à la convocation au commissariat, dont un compte rendu avait été fait dans notre édition d'hier, le frère de Ali Benhadj précise que ce dernier, «interrogé pendant trois heures, aurait répliqué que des responsables ont fait des déclaration mettant en péril la nation elle-même sans subir un pareil traitement». Il en a même profité pour «prendre à témoin et interpeller l'opinion nationale et internationale à propos de cette question». Idem pour la protection rapprochée qui le suit même dans la mosquée. Selon lui, «les gens qui viennent le voir sont systématiquement fouillés et parfois pris en photos, filmés et placés à leur tour sous surveillance. Certains ont même été conduits au centre de lutte contre le terrorisme en vue d'y être interrogés». Il semble, à ce propos, que les autorités soient confrontées à un véritable dilemme. En effet, dans cette lettre aussi Benhadj refuse ostensiblement de condamner le terrorisme armé, se contentant juste de déclarer «refuser de prendre le pouvoir par la violence, ni de s'y maintenir par le même moyen». Cette sortie, sans nul conteste, annonce une nouvelle escalade dans les propos et dans les actes du numéro deux de l'ex-FIS qui, au passage, dément catégoriquement vouloir accepter «un quelconque exil» et ne désirer aller en Arabie Saoudite, qu'en «tant que pèlerin». Ali Benhadj, qui tente de se repositionner sur la scène politique nationale, semble avoir multiplié les contacts avec les personnages influents du monde islamiste afin d'apporter son soutien à l'un d'eux en temps voulu, suivant les promesses et engagements de chacun d'entre eux. Beaucoup de rebondissements en perspective...