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Jusqu'aux portes de “la décennie rouge”
Le vent d'octobre a soufflé aussi sur la braise islamiste
Publié dans Liberté le 05 - 10 - 2008

C'est le grand paradoxe d'octobre 1988 : porteur d'ouverture et de changement démocratiques, il n'aura pas permis de disqualifier la mouvance islamiste. Celle-ci pèsera lourdement, durablement et de manière sanglante sur la suite des événements.
Chahut de gamins” pour certains, œuvre de la lutte des clans à l'intérieur d'un système, alors à bout de souffle, pour d'autres ; le 5 Octobre aura été, en dépit de toutes les lectures fondées ou non, un tournant majeur dans l'histoire de l'Algérie indépendante. Il aura engendré, comme effet immédiat et durable, la fin du règne du parti unique, marquant ainsi un moment de transition entre deux époques bien distinctes. Un moment de transition, à coup sûr, mais pas forcément un moment de rupture radicale. Car un vent de liberté et de démocratie aura soufflé certes, cet automne-là, sur la vie politique et sociale du pays, mais ce vent-là aura également eu l'effet d'un éventail sur “la braise islamiste” qui, déjà, ne manquait pas de vivacité.
L'explosion d'Octobre intervenait alors que la “pensée intégriste”, incarnée par un Benhadj tonitruant et déjà célébrissime et un Abassi à l'affût de son heure, avait profondément imprégné la société. Dans ces cités-dortoirs qu'étaient devenus les quartiers populaires des grandes villes, notamment chez les jeunes et quelquefois même dans les universités, ces deux noms étaient plus connus que ceux de Saïd Sadi, Hachemi Cherif, Sadek Hadjerès ou même Aït Ahmed et Boudiaf ! L'école est passée par là. Mais pas seulement, la mosquée et les médias du parti unique étant déjà de la partie. Il faut dire que, tout au long des années 1980, les deux hommes, ainsi que d'autres, comme Bouslimani et Nahnah, avaient largement eu le temps de bâtir leur réputation, aidés, tolérés, voire encouragés par un régime plus soucieux de sa survie qu'angoissé par les menaces que l'instrumentalisation de la religion faisait peser sur la paix civile, la cohésion nationale et la pérennité de l'Etat. Même les maquis du MIA (Mouvement islamique armé) de Bouyali et de ses lieutenants qui écumaient la Mitidja n'avaient pas suffi à alarmer les tenants du pouvoir. Ces derniers étaient plus assidus et plus déterminés dans leur lutte contre les foyers de la contestation sociale qui commençait à se faire entendre, à la faveur d'un mécontentement grandissant au sein du monde du travail frappé alors de plein fouet par la récession économique. Le pouvoir montrait encore plus de vigilance et autant de méfiance envers l'opposition démocratique qui faisait des libertés et des droits de l'homme les principaux axes de son discours. Apparue dès les premières années de l'indépendance, elle devenait de plus en plus entreprenante depuis le Printemps berbère et commençait à prendre le pas sur la mouvance de gauche qui, mue par son célèbre mot d'ordre de “soutien critique”, était plus ou moins tolérée du fait qu'elle ne se posait pas en alternative au régime d'alors.
Du coup, ce dernier aura vite trouvé “la bonne riposte” : dresser les partisans de la religion contre ceux des libertés et des droits de l'homme et vice-versa. La recette, jugée infaillible, devait amener les uns et les autres à se neutraliser, et le pouvoir n'avait plus qu'à jouer le rôle d'arbitre en dosant savamment répression et permissivité, manœuvre et laxisme. C'est ainsi qu'il arrivait à Benhadj de croiser à Lambèse Sadi, Ferhat Mehenni et Ali Yahia Abdenour, des hommes qui ne lui ressemblaient en rien. Abassi Madani pouvait pendant ce temps sillonner le pays et multiplier les conférences dans les universités. Au lendemain des événements d'Octobre, lorsque des réformes en profondeur, devenues incontournables, allaient être mises en œuvre, cette “ruse” qui tenait lieu de stratégie sera reconduite. C'est en son nom que sera légalisé le Front islamique du salut (FIS) fondé par Abassi Madani et Ali Benhadj. “Nous avons besoin du FIS comme abcès de fixation.” L'aveu était de Mouloud Hamrouche, qui venait de succéder à Kasdi Merbah à la tête du gouvernement et dont les propos, jamais démentis à ce jour, étaient rapportés par l'hebdomadaire le Nouvel Hebdo.
Certes, il n'était pas facile d'enrayer un mouvement qui prenait les allures d'un raz-de-marée. La mouvance islamiste était devenue si populaire qu'il y avait un risque réel et immédiat à tenter de l'endiguer, encore plus de la combattre dans le contexte d'octobre et de ses lendemains.
Au demeurant, la fameuse marche du 10 octobre, qui était conduite par Benhadj lui-même et qui s'était soldée par le bain de sang que l'on sait, était plus une démonstration de force qu'une tentative de récupération de la révolte populaire. “Il va falloir compter avec nous.” Tel était le message des islamistes. Un message qui sera reçu cinq sur cinq puisque, depuis, plus aucun obstacle ne sera dressé devant l'irrésistible avancée de l'aile dure de l'islamisme en Algérie. Si bien que, bientôt, Benhadj s'en ira en treillis au ministère de la Défense où il sera reçu par le général Khaled Nezzar. Celui-ci a dû faire semblant d'oublier que le port de la tenue militaire était interdit aux civils ! Aux yeux de certains, cela n'était, au mieux, qu'un geste purement anecdotique à mettre à l'actif d'un trublion, d'un jeune agitateur qui avait du mal à vieillir. Sauf que pour les troupes à Benhadj, le geste achevait de faire de lui “le héros qui défie les impies” dans leur antre même. Un tel acte s'ajoutant à l'attaque contre la caserne de Guemmar, menée par un élu local du FIS, voilà qui annonçait bien la couleur. Bien avant cela, en novembre 1982, l'assassinat de l'étudiant Kamel Amzal à Ben Aknoun déclinait déjà la nature violente de l'islamisme incarné alors par les Frères musulmans, mais aussi l'incroyable permissivité du régime.
De fait, la suite allait couler de source, jusqu'aux portes de “la décennie rouge” : grève insurrectionnelle de mai-juin 1991, marquée par des semaines de violence, puis le coup de massue du 26 décembre 1991, suivi de l'arrêt du processus électoral. La “décennie rouge” pouvait commencer. On y avait bien travaillé tout au long de “la décennie noire”. Si bien travaillé que le vent de démocratie d'octobre n'y aura rien pu.
S. C.


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