L'importance des officiels renseignait sur la volonté affichée de ratisser large dans les Ouled Naïl. Le Président de la République a provoqué, hier, un véritable raz de marée humain. Son «hammam de foule» pris dans l'artère centrale de la ville de Djelfa a été à la démesure des efforts fournis par les autorités locales pour ramener, dans des dizaines de bus, les populations des communes limitrophes. C'est ainsi que des citoyens venus de Medjbora, Aïn Ouassara, Had Shary, Foydh El Botna, etc. ont passé près de deux jours dans le chef-lieu de wilaya pour répondre à l'attente des responsables locaux. Pour l'occasion, tout, pratiquement tout, a été fermé. Aucune voiture n'est autorisée à circuler et la quasi-totalité des magasins et boutiques était fermée paralysant pendant près de deux jours la ville entière. Bouteflika a mis pied sur la terre ferme de l'artère principale à 10h10 et pendant près d'une heure, il prend son bain de foule. Zornas, gaïtas, t'bals et danses du Sud ont émaillé son parcours, avec la plus grande concentration de groupes et troupes musicales traditionnelles, sorte de «ghaïta-band» locaux, très bruyants et bien entraînés à la danse naïlie. L'inauguration du mégasiège de la wilaya, véritable joyau architectural qui a coûté près de 176 milliards (et non le chiffre communiqué hier), a été le point fort de la visite présidentielle. Objet d'une véritable polémique, ce mégasiège «n'est pas une priorité dans la ville la plus pauvre d'Algérie», estime un élu local de l'APC de Djelfa. Dans un point de presse donné un peu plus tard, Yazid Zerhouni estime de son côté que ce siège est «un joyau et une fierté de l'Etat». Les autres points de chute du Président de la République ont concerné un centre culturel, un jardin botanique, la cité El Wiam (bel ensemble urbain sur lequel on peut aussi porter des jugements défavorables) et la cité des Jardins, habitée depuis une année, inaugurée, hier, en grande pompe et dont les habitants vivent depuis douze mois sans gaz, dans la région la plus froide d'Algérie. Ce qu'il y a lieu de relever enfin, c'est la grosse artillerie qui s'est déplacée à Djelfa. On pouvait voir autour du Président au moins six ministres, ceux de l'Intérieur, de l'Education, de l'Agriculture, de l'Habitat, de l'Enseignement supérieur....A ces ministres s'ajoutent, Hachemi Djiar, les deux frères du Président, le général-major Fodhil Chérif Brahim, les responsables des corps de sécurité locaux et un impressionnant dispositif sécuritaire qui, avec le renfort venu de Blida, de Médéa et de Laghouat, avait complètement quadrillé le parcours présidentiel. Cela peut déborder sur des commentaires sur les velléités de s'assurer le soutien d'une région traditionaliste dont les attaches au FLN, qui ont toujours été synonymes de l'attache politique du Président, sont évidentes.