Les rôtisseries de fortune fonctionnent parfois jusqu'à une heure tardive de la nuit Le commerce de l'informel s'est élargi avec un nouveau segment: le barbecue. Depuis quelque temps, on assiste à un commerce d'un nouveau genre, la prolifération des barbecues durant le mois sacré de Ramadhan. Un phénomène qui a pris une telle ampleur qu'il a fini par s'implanter un peu partout, n'épargnant presque aucun quartier de la capitale. Au début, les barbecues n'étaient visibles qu'en certains endroits, principalement dans les cités et les quartiers populaires, mais avec le temps, ils se sont frayé un chemin en devenant un commerce très juteux. Installées parfois à même la chaussée, ces rôtisseries à ciel ouvert fonctionnent généralement la nuit et leur clientèle est constituée essentiellement de jeunes enfants friands de sandwichs aux merguez. Faisant fi des mesures en matière d'hygiène et des règles qui régissent ce genre d'activité, ceux-ci ne pensent qu'à leur ventre et ignorent les dangers qu'ils courent. Particulièrement en cette période de chaleur où les risques d'intoxication alimentaire augmentent et peuvent conduire parfois à la mort. Des spots publicitaires passent d'ailleurs, régulièrement à la télévision et la radio afin de mettre en garde les citoyens quant aux risques qu'ils encourent en consommant de la viande non contrôlée, achetée surtout auprès de commerçant ambulants dont le seul et unique souci est de gagner de l'argent. Les barbecues installés à l'occasion du mois de Ramadhan constituent une réelle menace, pas seulement pour les amateurs de merguez et de grillades mais également pour la circulation automobile et les riverains qui sont nombreux à s'élever contre ces odeurs et ces émanations de fumée qui irritent leurs narines et leur rendent la vie insupportable. «On a installé un barbecue juste au-dessous de mon balcon. Dès vingt-deux heures, je suis obligé de fermer les fenêtres à cause de la fumée», s'insurge Ami Moh qui habite pas loin du Cadix, un quartier très populaire d'Alger. Un autre barbecue a été installé carrément sur la voie publique, obligeant les automobilistes à ralentir pour éviter de heurter les clients. Le vendeur ne semble pas leur prêter attention... Le regard fixe sur les brochettes de merguez, il essaye, à l'aide d'un éventail de fortune, de raviver la flamme qu'il arrose d'un mystérieux liquide qui ressemble à de l'huile. Lorsqu'un client lui commande un sandwich, il répond par un laconique «Maâlih». Lorsqu'il est débordé, il n'hésite pas à solliciter l'aide d'un client pour encaisser ou rendre la monnaie. Les rôtisseries de fortune fonctionnent parfois jusqu'à une heure tardive de la nuit, particulièrement le jeudi et le vendredi. Tout le monde semble trouver son compte. Pour le vendeur, le barbecue est une source de revenu qui ne demande pas d'efforts particuliers et lui permet, le temps d'un mois, de réaliser quelques bénéficies. Quant aux clients, manger un sandwich aux merguez le soir est pour eux un régal et une opportunité que seules les nuits folles du mois de ramadhan peuvent procurer.