Alors que les combats faisaient rage hier, Mouamar El Gueddafi, dont on ignorait toujours où il se trouve, défie toujours la communauté internationale et les rebelles qui l'appellent à se rendre. L'ancien président croate, Stipe Mesic, proche de Mouamar El Gueddafi, a assuré hier que le dirigeant libyen lui avait confié la semaine dernière dans un «message verbal personnel» qu'il était prêt à se retirer «complètement» de la vie politique si les frappes de l'Otan cessent. «Je peux confirmer que le colonel El Gueddafi était prêt à se retirer complètement de la vie politique et publique avec un engagement ferme qu'il n'y aurait pas d'entraves à la mise en place du multipartisme et des réformes mais à la condition préalable d'une cessation des frappes de l'Otan», a déclaré M. Mesic dans un communiqué cité par l'agence officielle Hina. La même source a précisé que le «message verbal personnel de Mouamar El Gueddafi remontait à la «semaine dernière» et qu'il en avait informé, il y a trois jours, les ambassadeurs américain, chinois et russe en Croatie. «Les autorités de Tripoli ont tenté de faire parvenir ce message via tous les canaux disponibles aux pays qui ont joué un rôle crucial dans l'organisation et la réalisation des opérations en Libye», a-t-il assuré. Ces déclarations n'ont fait que réaffirmer le positions initiales de M. Mesic qui n'a cessé de critiquer les frappes de l'Otan. Mais un autre son de cloche n'a pas tardé à retentir du côté du porte-parole de l'Otan, Oana Lungescu, qui a estimé que la fin du régime de Mouamar El Gueddafi en Libye «est proche», affirmant que ses partisans menaient «une bataille perdue». Le dirigeant libyen Mouamar El Gueddafi et ses fils devraient être jugés par la Cour pénale internationale (CPI) à La Haye, a déclaré hier, le ministre italien des Affaires étrangères, Franco Frattini, estimant que ces derniers seront rapidement capturés. «Ils seront certainement capturés, c'est une question de peu de temps. Je pense personnellement qu'ils devraient être jugés à La Haye», a déclaré le ministre dans une interview à la radio Radioanchio. Evoquant l'après El Gueddafi, le chef de la diplomatie italienne n'a pas souhaité se prononcer sur le «meilleur leader pour les Libyens», faisant cependant l'éloge des actuels dirigeants de la rébellion. «Je ne ferai pas l'erreur de choisir, moi, qui est le meilleur leader pour les Libyens», a-t-il dit, ajoutant cependant que l'ex-numéro deux du régime libyen, Abdessalem Jalloud, qui a fui Tripoli vendredi, «a toutes les qualités pour être l'un des protagonistes de la transition vers la nouvelle Libye». Selon l'ambassadeur de Libye en Italie, Hafez Gaddour, «Kadhafi va s'enfuir ou sera arrêté vivant mais il est difficile qu'il se rende». «Nous voudrions l'arrêter pour le juger pour les crimes qu'il a commis», a dit à Radioanchio le diplomate passé du côté de la rébellion depuis plusieurs mois. M. Gaddour assure que l'Italie «continuera à avoir une relation spéciale et privilégiée» avec la Libye. Jusqu'au début de l'insurrection à la mi-février, l'Italie, ancienne puissance coloniale en Libye, était le premier partenaire commercial de Tripoli, notamment avec une forte présence du groupe ENI, premier producteur étranger de pétrole dans ce pays. Jusque-là, la victoire des rebelles sur les fidèles à El Gueddafi est jugée incomplète alors que l'Otan en alerte maximale qualifie la fin du régime libyen de «proche».