Vendredi, le régime libyen avait offert une amnistie aux rebelles de cette ville-clé s'ils cessaient les combats et précisé que cette proposition tenait jusqu'à mardi (hier). En se faisant sommer par Ankara de quitter «immédiatement» le pouvoir, El Gueddafi vient de perdre sinon un allié, du moins la neutralité agissante de la Turquie un élément de poids au sein de l'Alliance atlantique. Cette volte-face d'Ankara intervient au moment où l'ultimatum adressé par El Gueddafi aux rebelles de Misrata de se rendre afin de pouvoir «bénéficier d'une amnistie», arrivait à terme. Vendredi dernier, le régime libyen avait en effet, offert une amnistie aux rebelles de cette ville-clé s'ils cessaient les combats et précisé que cette proposition tenait jusqu'à mardi (hier). Il avait également menacé de frapper les navires entrant dans le port et a lâché trois mines dans les eaux au large de Misrata. L'Otan a d'ailleurs, indiqué lundi n'avoir détruit pour l'instant que deux de ces trois mines. Assiégés depuis plus de deux mois par les forces pro-El Gueddafii, les habitants étaient de plus en plus inquiets, hier, face à l'expiration de cet ultimatum pour se rendre et au blocage du port, seule voie de ravitaillement pour cette ville. Après une attaque menée lundi matin par les forces de Mouamar El Gueddafi, faisant 14 morts et une trentaine de blessés, le calme était revenu hier matin dans la troisième ville du pays. Des bateaux humanitaires, notamment un navire de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) au large de Misrata depuis samedi, attendent toujours le feu vert de l'Otan pour accoster. Le leader libyen avait prévenu que chaque bateau arrivant au port serait attaqué. Il a effectivement fait ce qu'il a dit. Ayant pour objectif de trouver une solution politique au conflit marqué par un blocage de la situation militaire et des risques d'aggravation de la crise humanitaire, le Groupe de contact sur la Libye tiendra une nouvelle réunion jeudi à Rome. Après le fiasco de la dernière réunion du groupe de contact à Doha, des discussions sur ce conflit figurera notamment l'éventuelle fourniture d'armes aux opposants du colonel El Gueddafi et le financement de leur mouvement à travers l'achat de pétrole provenant de l'est du pays sous contrôle du CNT libyen (le gouvernement transitoire rebelle). La Turquie sera représentée à cette réunion de Rome par son ministre des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu. Jusqu'à présent, la Turquie, qui avait avant la révolte libyenne, de bonnes relations avec le régime de Tripoli, s'était abstenue de demander le départ du colonel El Gueddafi, tout en dialoguant avec l'opposition dans l'espoir d'initier une trêve entre belligérants. Mais la donne a changé, et le dirigeant libyen a perdu la neutralité du pays qui, jusque-là, a tout fait pour amorcer le dialogue et une réconciliation entre les deux belligérants libyens. En effet, la Turquie, acteur régional qui a de gros intérêts économiques en Libye, s'est efforcée de jouer les intermédiaires dans ce pays, mais ses démarches se sont soldées par un échec, a reconnu le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan. Celui-ci a, par conséquent, appelé hier, le dirigeant libyen Mouamar El Gueddafi a «immédiatement» quitter le pouvoir et la Libye pour mettre un terme à l'effusion de sang dans son pays. Autre défaite diplomatique pour le gouvernement de Tripoli, l'ambassadeur libyen au Royaume-Uni a été expulsé de Grande-Bretagne a quitté Londres hier. Londres lui avait donné 24 heures dimanche pour quitter le territoire britannique en représailles aux attaques contre des bâtiments diplomatiques britanniques à Tripoli. L'étau se resserre sur El Gueddafi, la réunion de jeudi sera cruciale. Le monde entier est horrifié par l'effusion continue de sang, et un ras-le-bol quant à l'acharnement d'El Gueddafi contre son peuple. Le temps ne joue plus en sa faveur, alors que l'opposition commence à s'organiser en un véritable futur Etat indépendant. Cette éventualité est désormais omniprésente dans les analyses et conjectures des observateurs.