Ce livre s'adresse aussi bien au grand lectorat qu'aux élèves et aux étudiants en tamazight. L'enseignant au département de langue et culture amazighes de Tizi Ouzou, Saïd Chemakh, a consigné des tas d'informations, de souvenirs et de réflexions dans son recueil de nouvelles édité aux Editions Baghdadi d'Alger. Cet éditeur est considéré parmi ceux qui s'intéressent le plus au livre amazigh. Il donne l'occasion aux nouveaux auteurs qui ont choisi d'écrire dans la langue berbère de se faire publier. Saïd Chemakh en fait partie. Le livre en question avait déjà été édité auparavant par le Haut Commissariat à l'amazighité. Il s'agit donc d'une deuxième édition au grand bonheur de ceux qui sont à la quête de lectures en tamazight. Ce livre s'adresse aussi bien au grand lectorat qu'aux élèves et aux étudiants en tamazight. L'auteur Saïd Chemakh est né en 1968 au village Ait Bougherdane, près de Boghni, dans la wilaya de Tizi Ouzou. Après plusieurs années consacrées au militantisme politique et culturel pour la défense et la promotion de la culture amazighe, notamment au sein du MCB (Mouvement culturel berbère), Saïd Chemakh prend la décision de poursuivre ses études en France où il soutient une thèse de linguistique berbère portant sur le vocabulaire fondamental du kabyle. Actuellement, il est enseignant universitaire et il a publié plusieurs articles et textes de tous genres dans divers journaux, revues et sites Internet. Le livre comporte pas moins de neuf nouvelles et six textes divers. A propos de l'auteur, Salem Chaker, qui préface le livre, témoigne: «Je connais Saïd Chemakh depuis plus d'une vingtaine d'années, depuis le temps où il étudiait à l'université de Tizi Ouzou. Pour moi, il fait partie de ces militants kabyles du mouvement culturel berbère, engagés sur la longue durée, alternativement et simultanément, sur tous les champs du combat berbère: militance de base dans le terrain universitaire et populaire, militance plus politique dans et autour des appareils organiques qui ont pu, à un moment ou à un autre représenter l'aspiration berbère de Kabylie, militance culturelle par sa participation à l'enseignement, à la création et à la diffusion, militance scientifique enfin et surtout, qui a amené Saïd Chemakh à réaliser un travail titanesque, qui fera date, sur le vocabulaire fondamental du kabyle. Volonté farouche, malgré les obstacles innombrables, les misères du quotidien, de contribuer à la consolidation de la culture berbère.» Salem Chaker, qui enseigne depuis des années à l'Institut des langues et cultures orientales Inalco de Paris, rappelle à juste titre que les Kabyles sont habitués aux chemins qui montent. Dans la montagne, ajoute-t-il, sous la chaleur écrasante, dans la montagne par le froid et la pluie. Par les chemins tortueux et poussiéreux, vie et survie d'un peuple à travers les méandres de l'histoire, les guets-apens de ses ennemis innombrables, toujours recommencés, guet-apens de ses propres fils, trahison, renonciation, abandon. Et pourtant, ils existent! Et ils continuent d'exister grâce au dévouement d'hommes comme Saïd Chemakh. Salem Chaker profite aussi pour parler des précurseurs de l'écriture kabyle: instituteurs comme Boulifa, qui ont relevé la tête et porté leur peuple, son histoire, sa langue et sa poésie; écrivains de talent, grands parmi les grands, Jean, Taos, Mouloud et Mouloud et tant d'autres, qui ont porté au plus loin le message de leur peuple et l'ont fait reconnaître dans le concert des nations, précurseurs de l'écrit comme Belaïd Ath Ali qui a fixé pour toujours la parole vraie; chanteurs des bars sordides et des banlieues misérables, qui ont maintenu le lien et tissé l'avenir; poètes et chanteurs qui ont dit la parole au risque de la prison et de la mort, poètes de haut vol qui culminent au zénith; militants anonymes de l'écrit et de la langue... «Ce recueil de nouvelles est une de ces pierres fondatrices et continuatrices, d'autant plus précieuse qu'elle est d'un genre nouveau dans l'espace kabyle-espèce encore rare», souligne Salem Chaker, en concluant que l'oeuvre de Saïd Chemakh participe de l'appel à la liberté et à l'existence porté par les créateurs kabyles depuis un siècle; elle participe de cette volonté d'explorer des espaces et des formes nouvelles et d'inscrire la Kabylie et son message dans le concert du monde.