Les mouvements de mécontentement se propagent telle une traînée de poudre. Ce samedi, en fin d'après-midi, un groupe composé de quelque 200 agriculteurs a bloqué la Route nationale à Mohammadia, dans la wilaya de Mascara. Les manifestants, qui se sont gardés de saccager quoi que ce soit, se sont juste contentés de crier haut et fort leur colère par rapport au manque d'eau chronique qui touche toute la région depuis de nombreux mois, ce qui engendre des conséquences néfastes sur les récoltes et, partant, sur le niveau de vie des populations locales. Affolées, les autorités locales se sont immédiatement déplacées sur les lieux. De fermes promesses ont été faites pour la prise en charge réelle et rapide de ce problème même si tous les barrages locaux, Bouhanifia, Ouizert et Ferdoug, souffrent d'envasement. Beaucoup d'observateurs se sont accordés à souligner la simultanéité qui existe entre ce «coup de gueule» citoyen et la visite du Président à Mascara, qui devait commencer à peine quelques heures après ces événements. Ce n'est pas tout. Depuis environ trois semaines, les manifestations de rue ont eu tendance à se multiplier, n'épargnant aucune région du pays. A Biskra, les manifestants ont franchi pas mal de lignes rouges, s'attaquant aux mem- bres des services de sécurité, saccageant des édifices publics. De nombreux blessés ont été enregistrés lors des deux manifestations qui avaient affecté cette wilaya alors que des dizaines d'arrestations ont été opérées. Globalement, les citoyens sont sortis dans la rue, bloquant les routes, encerclant les sièges de leur APC et de leur daïra, pour se plaindre de certains problèmes sociaux, notamment le manque d'électricité et d'eau. A l'est du pays, plus précisément à Skikda, des incidents importants ont également été enregistrés la semaine passée. A Béjaïa, plus précisément à El-Kseur, le pire a été évité grâce à l'intervention des délégués des ârchs. La multiplication de ces manifestations est pour le moins troublante pour qui sait que l'été passé avait connu le même pic de tension pour, à peu près, les mêmes raisons. Les observateurs, de plus en plus nombreux, n'hésitent pas à lier ce phénomène à la future présidentielle qui, désormais, se rapproche à grandes enjambées. Même si la légitimité de l'ensemble des revendications soulevées par la population ne pose pas le moindre problème, il ne fait pas non plus de doute que «des agitateurs» doivent oeuvrer régulièrement à mettre le feu aux poudres, bien sèches en période estivale, dans le fol espoir de voir le pays s'embraser avant le jour J. Or, si l'on devait se demander à qui profiteraient ces troubles à répétition, force nous serait d'admettre que la liste serait nettement plus longue que ce que l'on croit. Et tout porte à croire qu'elle ne fera que s'allonger à mesure que se rapprochera la date de la présidentielle...