Les dos-d'âne mal faits sont érigés en ralentisseurs tous les dix mètres. Nouvellement refaites, les routes sillonnant la wilaya de Tizi Ouzou subissent quotidiennement diverses agressions. Des piquages pour des conduites d'eau potable se comptent par milliers. Les dos-d'âne mal faits sont érigés en ralentisseurs tous les dix mètres. D'ailleurs, le passant constate avec étonnement la rapidité avec laquelle ses chemins refaits en bitume deviennent impraticables. Cette situation, dont la responsabilité est amplement partagée tant par les autorités que par les citoyens, renseigne si besoin est, qu'il ne suffit pas de dépenser de l'argent dans la réfection et l'ouverture des routes. L'absence de responsabilité individuelle ou collective semble venir à bout de tous les projets de développement, car à bien observer le phénomène, c'est le rôle des autorités locales qui est au centre des interrogations. Le civisme qui devait prévaloir chez les citoyens quant à la notion de bien public est défaillant vu l'état pitoyable dans lequel se trouvent ces infrastructures réalisées bien sûr pour leur bien. Derrière ce constat amer, il est évident, d'une part, que les élus et les services de l'Etat en général sont absents. Leur responsabilité est totalement et indiscutablement engagée. D'autre part, la cause directe de ces agressions est le citoyen. Ayant choisi d'urbaniser les abords des routes, les populations locales, ces dix dernières années, ont créé des villages linéaires des deux côtés des chemins. Le manque de planification des services de l'urbanisme ont laissé ces constructions proliférer sans aucun contrôle. Par voie de conséquence, les citoyens, une fois la construction achevée, se voient contraints de piquer sur le bitume afin de faire traverser une conduite d'eau. A chaque maison ses deux piquages eau et gaz. De fil en aiguille, se sachant menacé par les chauffards, chaque citoyen se trouve dans la nécessité d'ériger un dos-d'âne. Une fois encore, on se retrouve pour chaque maison son dos-d'âne. Aussi, dans ce spectacle d'anarchie absolue, l'observateur constate avec amertume les dégâts occasionnés pour l'une des infrastructures de base, ô combien vitale pour le développement local. Cette absurdité urbanistique compromet inéluctablement la vie des futures générations. Des villages linéaires inhabitables dans quelques années car la vie va inévitablement s'arrêter. Aujourd'hui déjà, les routes sont impraticables, freinant considérablement le passage et par conséquent l'activité commerciale. Dans un avenir proche, ces villages seront dépourvus de route, les constructions sans respect des normes ne laisseront aucune chance à l'élargissement ou à la réfection. Enfin, il est évident que les politiques de l'urbanisme ont causé une catastrophe, non seulement pour l'économie locale mais, également pour les spécificités sociologiques. Que penseront de nous les futures générations?