Dorénavant, toute vente de carburant doit avoir l'aval de la Direction des douanes et de la direction des mines qui auront à établir des listes d'exploitants agricoles. Les mesures prises par le wali de Tlemcen pour venir à bout du phénomène de la contrebande des carburants ont sorti de leurs gonds les exploitants des stations des zones frontalières de l'ouest qui s'estiment lésés. «La décision du wali fait de nous des trafiquants et des contrebandiers alors que nous sommes d'honnêtes citoyens jaloux des intérêts de leur pays», ont déclaré plusieurs pompistes de la région de Maghnia. Tout a commencé quand le wali de Tlemcen, dans un souci de mettre un terme au trafic de carburants que connaissent nos frontières avec le Maroc, a rendu publique une décision en date du 26 septembre. Cette dernière (n°3863) réglemente la vente et le transport de carburant dans cette région de la wilaya comme Maghnia, Ghazaouet, Beni Snous, Bab El-Assa ou encore Nedroma. Cette mesure, qui ne touche pas le chef-lieu de wilaya, est perçue comme discriminatoire par les exploitants des stations de carburants des régions touchées qui s'estiment lésés dans leurs droits. «Les véritables contrebandiers, eux, savent comment échapper à la loi et faire fructifier leur business», dira un pompiste qui voit mal comment a été donné un cachet sélectif à cette décision du premier responsable de la wilaya. La décision, qui comporte 16 articles, précise dans le 1er que la vente et le transport de carburant dans la wilaya de Tlemcen sont désormais soumis aux dispositions de la nouvelle décision. Dans son article 4, il est fait obligation aux exploitants des stations de carburants de porter tous les mouvements de leur activité sur un registre coté et paraphé par la direction des mines. Dans ce registre seront portées des informations relatives au type de voiture, son numéro d'immatriculation, la quantité et le type de carburant vendu ainsi que la date et l'heure de la prestation. Ces mesures sont considérées comme une mission de police imposée aux exploitants. «Ce n'est pas à nous de vérifier la bonne foi de nos clients», diront des exploitants. L'article 13 fixe les quantités vendues quotidiennement de carburant pour chaque client. Ainsi, pour le Sirghaz, seule une quantité de 20 l est vendue par prestation. Pour l'essence (normal et super) la quantité est fixée à 40 l tout comme le mazout dont une quantité de 50 l est concédée aux camions de gros tonnages. Les exploitants des stations de carburants voient mal le fait que les stations du chef-lieu de wilaya soient exemptées de ces mesures. «La vente est libre à Tlemcen et ses environs et c'est une aberration», diront-ils. La décision du wali qui a interdit toute vente en deuxième main a assujetti les approvisionnements pour les engins agricoles aux dispositions des articles 6, 7 et 8. Dorénavant, toute vente de carburant doit avoir l'aval de la direction des douanes et celle de la direction des mines qui auront à établir des listes d'exploitants agricoles. Pour la campagne de labour, un programme d'approvisionnement sera défini par la direction de l'agriculture, celle des mines et des douanes. En additif, 2 listes d'exploitants concernés par la décision viennent compléter les mesures prises par le wali. Le trafic de carburant dans nos frontières avec le Maroc a fait beaucoup de mal à notre économie. Des fortunes se sont constituées grâce à ce trafic qualifié de juteux. Les contrebandiers, qui agissaient en procédant au troc au niveau des frontières ont déstabilisé les plans d'approvisionnement de la wilaya de Tlemcen qui avait, et à plusieurs reprises, connu des crises en matière de carburants. «Seulement, déclarent les exploitants des stations d'essence, nous ne sommes pas des trafiquants et si trafic il y a, il doit être combattu aux frontières par les structures compétentes.»