Grâce aux nouvelles dispositions relatives à l'approvisionnement en carburant de la région ouest prises par le wali de Tlemcen, lesquelles ont favorisé la disponibilité de ce produit, la satisfaction semble totale chez les automobilistes et les gérants de stations qui ont longtemps enduré une situation des plus contraignantes. La tension semble connaître un relatif apaisement dans cette région qui est mise à la “diète” depuis 14 ans, et le trafic de carburant vit en conséquence un déclin significatif. En effet, cette disponibilité, qui a nécessairement induit une satiété chez les principaux collecteurs marocains, tels ceux de Angad, Oujda et Béni Drar, a été à l'origine de la chute du cours du carburant. Si cela est à l'origine de la réticence de bon nombre de trafiquants algériens qui se trouvent fatalement au creux de la vague et qui voient ainsi que les profits tirés ne sont plus en rapport avec les efforts fournis et les risques endurés, ils préfèrent attendre des jours meilleurs. Par ailleurs, l'abondance en carburant de contrebande chez les trafiquants marocains incite ceux-ci à une pénétration progressive au-delà des frontières de la âmala d'Oujda pour la vente de leur produit. Ainsi, en voulant élargir leur champ d'action plus à l'ouest (vers Fès), ce qui donne tout naturellement lieu à une concurrence déloyale, préjudiciable à un nombre de stations encore plus important, les trafiquants encourent des risques pour leur activité qui peut émaner de la grogne des sociétés étrangères et des propriétaires de stations, comme c'était le cas durant l'été 2000, où l'abondance du carburant dans les régions frontalières a provoqué une opération d'envergure du côté marocain qui visait à freiner son passage et à limiter par conséquent sa consommation à la seule région de l'extrême nord-est. À noter qu'en plus du carburant qui est payé aux Algériens en dinars, la totalité des produits de contrebande à destination du Maroc — qui représente malheureusement, selon les responsables de la douane, environ 80% de la marchandise totale traversant les frontières — est payée aussi en dinars. Il ne faut donc pas être un génie pour deviner la provenance de tous ces milliards de dinars brassés par les trafiquants marocains et pour situer le dindon de la farce dans tout cela. Finalement, les nouvelles dispositions, saluées par la population de l'extrême-ouest, mais dénigrées, voire attaquées par le lobby (ramifié jusqu'à l'intérieur du pays), qui trouve intérêt à la rareté du carburant dans la région, sont salutaires à plus d'un titre car elles visent à parer, du moins à atténuer grandement le passage du carburant, qui reste à ce jour l'un des produits les plus touchés par la fraude, à l'exportation sur l'autre rive et, par là même, à faire relativement échec à la contrebande sous toutes ses formes. A. M.