Beaucoup de médicaments ont déserté, depuis longtemps, les étals des pharmacies Pour dénoncer le manque de certains médicaments, de nombreux pharmaciens n'avaient pas hésité à tirer la sonnette d'alarme au début de l'année. Malgré les promesses de la tutelle, la situation a plutôt empiré, selon eux. La controverse suscitée autour du manque de médicaments destinés à soigner certaines maladies ne cesse de faire des mécontents au sein des officines et de la population. Malgré les assurances données par le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, beaucoup de médicaments ont déserté, depuis belle lurette, les étals des pharmacies au grand dam des patients, particulièrement ceux atteints de maladies chroniques. Que ce soit les hypertendus, les diabétiques, les asthmatiques ou les malades souffrant de rhumatisme articulaire ou d'hernie discale, tous dénoncent cette rupture de stocks qui risque, si elle dure, d'affecter encore plus leur santé. Certains souffrent le martyre, à l'image des cardiaques qui ont de plus en plus de mal à trouver «Moduretic sur le marché». Selon la plupart des pharmaciens que nous avons interrogés, ce médicament est indispensable pour la régulation de la tension artérielle. Malheureusement, il serait introuvable en pharmacie. Pour cet apothicaire de la place du 1er Mai, «on a essayé de remplacer certains médicaments par des génériques, mais les malades semblent avoir une aversion pour le produit local et préfèrent de loin le médicament made in ailleurs, quitte à ce qu'ils le payent un peu plus. La molécule mère et ses dérivés posent problème». «Il n'y a ni l'un ni l'autre», considère pour sa part cet autre pharmacien d'Alger qui ajoute, amer: «Il n'y a pas de médicaments du tout». Pointant un doigt accusateur en direction du ministère, il revient sur les nombreuses déclarations de Djamal Ould Abbès qu'il qualifie de trompeuses parce que, souligne- t'il, «elles n'ont pas été suivies d'effet sur le terrain.» La situation est encore plus critique dans les hôpitaux. C'est en tout cas ce que pense ce pharmacien de Kouba. «Le Moduratic fait cruellement défaut, alors que la Digoxine est pratiquement introuvable au niveau des Cpmc», dit-il. Autre médicament, très demandé en pharmacie: le Diamicron 30 mg pour diabétiques. Contrairement à certains produits, il est disponible, mais les malades le rejettent, préférant le modèle français. Est-ce à dire que les médicaments produits localement sont de piètre qualité? Les pharmaciens semblent, là, très réservés et soutiennent que c'est la politique de l'importation des médicaments qu'il faudrait plutôt, revoir. Récemment, Djamal Ould Abbès a fait une surprenante déclaration en accusant carrément des réseaux mafieux qui régneraient en maîtres sur le marché de l'importation des médicaments. Un des pharmaciens est d'accord. «L'Etat devrait tout mettre en oeuvre pour assainir le secteur et le débarrasser de tous les parasites et personnes gênantes» «La santé est un domaine très sensible. Il ne faut pas la laisser entre les mains des spéculateurs», prévient-il. En recevant, hier, les représentants de l'Association des distributeurs des pharmacies algériennes, pour une réunion de travail, Mr Ould Abbès.aurait décidé de faire enfin le ménage car le problème du manque de médicaments a fini par indisposer tout le monde, même si ce sont les malades qui sont les premiers à en souffrir.