Un gus a besoin d'une résidence pour la constitution d'un dossier. Il recourt aux...faux papiers. La section correctionnelle du mardi du tribunal de Chéraga (cour d'Alger) a connu un sacré duel entre deux charmantes avocates décidées à gagner même aux points la partie qui tourne autour d'un faux document où l'APC est la cible du parquet. Et le faux concerne un certificat de résidence donc le sceau de l'Etat. Et le sceau de l'Etat se trouve entre les mains du préposé au guichet de la mairie. Selon l'inculpation, Godbane, un maçon de trente-deux ans se présente face à Saïd Berkouk et lui demande de lui établir un certificat de résidence avant de rectifier le terme: «Une carte de résidence». Le guichetier avait cru que son copain de dix années avait besoin de ce document en vue de constituer un dossier quelconque. Et il voulait faire vite...Et c'est là où les ennuis avaient commencé: le demandeur présente une quittance de la Seaal et le livret de famille, et si le livret de famille était authentique, la quittance, elle, se la coulait douce, car fausse. A la daïra, le dossier de la carte grise est rejeté car au lieu du certificat de résidence, on a présenté une «carte de résidence». Ce qui est d'ailleurs prévu par la loi. Ghodbane, l'inculpé «Un» proteste et demande des explications plus claires autour de ce rejet. On lui expliqua la loi mais Ghodbane prit soin de mettre le dossier dans sa voiture qu'il a prêtée à un copain arrêté au cours d'un contrôle de routine de la Dgsn. Les policiers firent leur boulot et découvrirent le dossier et donc la quittance et la fausse carte de résidence. Catastrophes au pluriel. Au tribunal, la taciturne juge qui adore évoluer loin des pressions du parquet surtout lorsque sur le siège du jour est installé un certain Zaïm qui a l'art d'allier la compétence à la ruse lors de ses percutantes questions posées lors de l'interrogatoire! Et ce mardi, il y avait deux rudes avocates réputées indomptables à Chéraga: Maître Aïd Nassima et maître Malia Bouzid. D'ailleurs, le duel n'en sera que plus beau car le «222» l'article brandi au-dessus des têtes de Berkouk et Ghodbane était là, menaçant, puisque Zaïm allait requérir une peine de dix-huit mois d'emprisonnement ferme à l'encontre des deux faussaires. Evidemment, le duel entre les deux avocates - jeûne oblige - fut âpre. Qui a gagné? le verdict seul déterminera la capacité des plaideuses. Deux plaidoiries où les deux avocates de Cheraga avaient, sans le vouloir, accordé leurs violons en vue d'assurer une même symphonie pressant la présidente à ne pas trop assommer leurs deux clients dont on pouvait lire la tonne de regrets sur leurs mines défaites. Effectivement, la magistrate qui avait bien suivi les arguments des deux défenseurs, qui, il faut le répéter, se démenèrent hardiment, prit son temps -une semaine - avant de condamner les deux faussaires «d'occasion» pour l'acte, le délit, mais accorder le sursis car ils en étaient à leur premier méfait. «Vive le casier judiciaire vierge!», avait dû hurler intérieurement Maître Malia Bouzid alors que sa jeune consoeur, Maître Nassima Aïd, a dû louer le bon sens de la présidente qui a bien façonné sa décision et qu'elle allait bâtir d'excellents attendus car ce sacré Zaïm a dû interjeter appel, non satisfait du verdict de la présidente du premier étage du tribunal de Chéraga. Quant aux deux condamnés, leur joie était certes visible mais ils n'avaient pas dû dormir, surtout le fonctionnaire de l'APC qui avait surtout, surtout peur de perdre son emploi. Voilà ce que vaut le fait de rendre le plus mauvais des services à un copain, même pas un ami. Malheureusement, notre société est dominée par le sentiment et l'argent, de l'argent qui éclabousse et salit ceux qui ne savent pas s'en servir. Quant au sentiment, il peut mener loin, très loin, jusqu'à la détention, l'incarcération, deux dispositions honteuses et pour cause...